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4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités
La réunification du pays en 1976 a imposé l’harmonisation de deux systèmes économiques opposés, communiste et capitaliste, marqués l’un et l’autre par les séquelles de la guerre. Au nord, près de 70 p. 100 des infrastructures industrielles avaient été endommagées, tandis qu’au sud les grandes propriétés agricoles avaient été abandonnées. La socialisation de l’économie amorcée au Viêt Nam du Sud échoua, du fait des résistances internes et d’un environnement international défavorable.
Le gouvernement fut alors contraint de lancer un nouveau programme de réforme économique, en 1986, le Dôi moi (« Renouveau »). La fin de l’aide économique et financière soviétique accéléra l’adaptation de l’économie vietnamienne au marché international. Dès 1990, l’État entama une politique de privatisation massive qui aboutit à la fermeture de 3 000 entreprises d’État déficitaires, en l’espace de deux ans. L’objectif était de doubler le revenu par habitant et d’accroître de 50 p. 100 la production de riz avant l’an 2000.
De fait, les résultats furent encourageants. Le produit intérieur brut (PIB) est passé de 8 milliards de dollars en 1985 à près de 31 milliards de dollars en 2000. En 1995, le taux de croissance annuel a atteint 9,5 p. 100. Mais la balance commerciale était déficitaire, en raison de la hausse des importations (biens d’équipement) et l’inflation restait élevée (13,1 p. 100, en 1995). Depuis 1994, les investisseurs étrangers furent surtout asiatiques. Pourtant, la levée de l’embargo et la reprise des relations diplomatiques avec les États-Unis ont permis aux hommes d’affaires américains d’être à nouveau présents, malgré les blocages administratifs et la corruption.
En dépit du bon niveau des résultats économiques, les Vietnamiens demeurent pauvres et les disparités d’une région à l’autre sont fortes. En outre, le chômage touchait 20 p. 100 de la population active, en 1994.
4.2 Agriculture, forêts, pêche
Irrigation au Tonkin (Viêt Nam) Près d'Hanoï, dans le delta du Tonkin, la riziculture intensive se pratique dans des conditions naturelles difficiles, avec des sols médiocres et des pluies irrégulières. L'irrigation n'est pas aisée, car le cours inférieur du Sông Hông et ses défluents ont été endigués, en raison de la violence des crues. Les travaux ont permis la mise en valeur du delta, mais ont rendu inutilisable l'eau du fleuve pour l'irrigation jusqu'à une époque très récente. Les paysans devaient se contenter d'acheminer l'eau des mares ou des ruisseaux jusqu'aux rizières par des moyens rudimentaires. En 1994, l’agriculture occupait 67 p. 100 de la population active (27,7 p. 100 du PIB). Elle demeure la principale source de devises (24,5 milliards de dollars, en 1993). Les coopératives ont pratiquement disparu pour faire place à des exploitations privées. La principale culture est celle du riz (25 millions de t produites en 1995, 5e rang mondial), qui occupe 50 p. 100 des terres cultivées. Viennent ensuite la patate douce (2,1 millions de t ; 6 p. 100 des terres cultivées) et le manioc (3 millions de t ; 4 p. 100 des terres cultivées). La principale culture commerciale est l’hévéa (55 000 t de latex). En 1993, le cheptel comptait 14,86 millions de porcs ; 3,1 millions de bovins et 82 millions de volailles.
Rizière (Viêt Nam) Dans le delta du Mékong, le repiquage des plants de riz est une activité prépondérante. La double récolte est possible dans le Nord, grâce à la multiplication des pompes électriques ; dans le Sud, en revanche, la culture est extensive avec une récolte unique, les terres étant plus fertiles. La riziculture est la principale culture du Viêt Nam et la base de l'alimentation. L'introduction récente de nouvelles variétés de riz a permis de meilleurs rendements. Les forêts ne couvrent plus que 30,2 p. 100 du territoire (40 p. 100 en 1940). L’exploitation commerciale du bois (teck et bambou) s’est ralentie du fait de l’insuffisance des infrastructures de transport. En 2000, les coupes de bois ont atteint 36,7 millions de m³, destinées à la consommation intérieure (combustible). L’exportation du bois est interdite depuis 1992.
L’étendue du littoral et les nombreux cours d’eau font du Viêt Nam un pays propice à la pêche. La mer de Chine méridionale est particulièrement riche en poissons de toutes sortes. Des exploitations piscicoles existent également à l’intérieur des terres, dans des zones inondées. En 1994, le total des prises s’élevait à 1,1 million de t.
4.3 Mines et industries
Traitement du coton (Viêt Nam) Le secteur textile occupe une place non négligeable dans l'industrie légère du Viêt Nam. Les usines, construites à l'époque coloniale, sont implantées surtout à Hanoi, Nzam Dinh et Hô-Chi-Minh-Ville. Avant d'arriver au stade de la filature, le coton doit subir un traitement méticuleux : il faut l'apparier, le trier, le nettoyer, et enfin le sécher.Geoffrey Clifford/Woodfin Camp and Associates, Inc. Les ressources minières sont nombreuses, concentrées dans le nord-ouest du pays (anthracite, phosphates, cuivre, étain, zinc, antimoine et chrome). En 1994, la production annuelle de charbon a été de 6 millions de t, avec des réserves équivalant à 3,2 milliards de t. Le pétrole est exploité depuis 1975. Sa production, régie en grande partie par l’État, était de 8,8 millions de t en 1995. Les réserves étaient évaluées à 68 millions de t au début de 1996, mais elles sont situées dans des zones maritimes revendiquées par la Chine et Taïwan. Environ 3 600 t d’étain ont également été extraites en 1995.
Les principaux sites industriels du Viêt Nam, concentrés au nord du pays, autour de Hanoï, et dans le sud, près de Hô Chí Minh-Ville, ont été presque entièrement réhabilités. Un effort a été effectué afin de rééquilibrer cette répartition et de nouveaux centres industriels apparaissent dans le centre, près de Ða Nang. L’activité industrielle, en plein essor depuis 1992, concerne surtout l’automobile, les raffineries de pétrole, le papier, le ciment, le textile, les produits agroalimentaires, les produits chimiques et les engrais.
La plupart des centrales électriques fonctionnent encore au charbon. Le Viêt Nam possède un potentiel hydraulique estimé à 300 milliards de kWh, qui repose sur deux grandes centrales hydroélectriques : Hoa Binh et Tri An, produisant annuellement 10 milliards de kWh.
4.4 Secteur tertiaire
En 1993, le total des exportations s’est élevé à 3 milliards de dollars, dont 24,5 p. 100 concernaient des produits agricoles. La même année, les importations ont atteint 3,92 milliards de dollars (produits raffinés ou manufacturés : carburants, tracteurs, engrais, équipements de transport). Le Japon, Taïwan, Hong Kong, les Philippines, Singapour, la Malaisie, la France et l’Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux du Viêt Nam. Depuis 1987, le gouvernement encourage les investissements étrangers afin de stimuler la croissance économique.
L’unité monétaire du Viêt Nam est le dong. Créée en 1951, la Banque nationale du Viêt Nam, située à Hanoï, est la banque d’émission du pays. En 1990, le gouvernement a autorisé la création de quatre banques commerciales privées pour favoriser les investissements étrangers.
Depuis la fin de la guerre du Viêt Nam, des efforts importants ont été fournis pour améliorer les infrastructures. Le pays comptait 93 300 km de routes en 1999, dont environ 25 p. 100 sont pavées ou bitumées. Le réseau ferré, en voie d’amélioration, concentré dans le nord du pays, à l’exception de la ligne Hanoï - Hô Chí Minh-Ville, couvrait 2 205 km. L’étendue du littoral et des voies d’eau (fleuves et canaux) favorise les transports fluviaux et maritimes peu coûteux. Les grands ports de commerce sont Haiphong, Ða Nang et Hô Chí Minh-Ville. Les aéroports internationaux sont situés dans la capitale et à Hô Chí Minh-Ville. Vietnam Airlines assure le transport intérieur et international aérien. |
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