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3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie
Les Vietnamiens, originaires des montagnes de Chine méridionale, se sont imposés aux populations mélanésiennes et indonésiennes au cours du Ier millénaire av. J.-C. et représentent aujourd’hui 88 p. 100 de la population. Mais il existe une cinquantaine de petits peuples, répartis sur tout le territoire. Parmi les minorités du nord, certaines sont sédentaires (Thaïs, Muongs), d’autres semi-nomades (Tibéto-Birmans, Miao-Yao). Elles diffèrent par la langue et souvent par la répartition de leur habitat. Ainsi, au Tonkin, les Thaïs occupent toujours les premières pentes des zones montagneuses ; puis, entre 300 et 800 m vivent les Mans ; enfin, à partir de 900 m sont établies les tribus Meos. Dans le Centre vivent encore des Proto-Indochinois, les Mois (Jarai, Ede, Bahnar, Sedang et Mnong), qui occupent les hauts plateaux. Au sud, dans la plaine du Nam Bô, subsiste une importante minorité khmère ainsi que des Chinois, concentrés dans la ville de Cholon (rattachée à Hô Chí Minh-Ville).
La population du Viêt Nam s’élevait à 48,1 millions d'habitants en 1975 ; elle comptait 81,1 millions d'habitants en 2002. La croissance annuelle continue à augmenter, après un léger infléchissement (2,38 p. 100, entre 1990 et 1995, contre 2,24 en 1975 et 2,15 en 1985).
La densité s’est également accrue, passant de 145,6 à 245 habitants au km², en 2002. Cependant, ces chiffres ne traduisent pas la réalité de la situation dans les plaines rizicoles, notamment au Tonkin où la moyenne est supérieure à 500 habitants au km2 (et à 1 000 dans certaines zones). La population du Viêt Nam est jeune : environ 37 p. 100 ont moins de 15 ans tandis que 5,5 p. 100 seulement ont plus de 65 ans. L’espérance de vie moyenne est de 69,9 années (2002).
Si l’urbanisation a progressé, l’essentiel de la population (80 p. 100) vit encore en zone rurale. Les Vietnamiens ont beaucoup souffert des longues années de guerre. En effet, tout au long de la guerre du Viêt Nam, d’importantes migrations se sont opérées, de la campagne vers la ville et du nord vers le sud, provoquant le surpeuplement d’agglomérations comme Hô Chí Minh-Ville (jusqu’à 4 millions d’habitants à certaines périodes). En outre, l’usage des armes chimiques a entraîné des malformations congénitales chez les nouveau-nés (1 enfant sur 100). Enfin, depuis la réunification, l’installation du gouvernement communiste à Hanoï a fait fuir des milliers de Sud-Vietnamiens (les boat people) ainsi que des Chinois, en raison du conflit sino-vietnamien.
3.2 Découpage administratif et villes principales
Hanoï La circulation est intense dans les rues d'Hanoï, particulièrement à vélo. La vitalité économique de la capitale de la République socialiste du Viêt Nam tient sans doute à sa position stratégique sur la rive droite du Sông Hông. Elle est située à 130 km du golfe du Tonkin, en pleine région rizicole. Centre commercial, Hanoï possède un important marché agricole, ainsi que des industries variées. La ville dispose d'un réseau ferroviaire développé, en liaison avec le port d'Haiphong et les cités méridionales, ainsi qu'avec les provinces chinoises limitrophes.
Marché à Hô Chí Minh-Ville (Viêt Nam) Les marchés sont très animés à Hô Chi Minh-Ville, située au bord du delta du Mékong et au débouché d'une région agricole fertile. La ville est un important centre commercial, relié par un canal au port de Cholon, où transitent les divers produits des plantations destinés à l'exportation. C'est également un centre industriel dont la production est diversifiée. Malgré une période de stagnation due à la guerre, la ville a conservé son rôle de carrefour en Asie du Sud-Est. Le Viêt Nam est divisé en 7 régions et 61 provinces ; Hanoï, Haiphong et Hô Chí Minh-Ville forment trois districts spéciaux. La plupart des centres urbains sont situés dans le sud du pays. De toutes les grandes villes, seule la capitale, Hanoï, n’est pas située sur le littoral. Les autres grandes villes sont Hô Chí Minh-Ville (Saïgon), Haiphong et Ða Nang près de l’ancienne cité impériale de Huê.
3.3 Institutions et vie politique
La Constitution adoptée en 1980 et révisée en 1992 est largement inspirée de celle de la république du Viêt Nam du Nord. Elle confère au Parti communiste un rôle dominant au sein du gouvernement et des institutions représentatives de la société. Le gouvernement agit par l’intermédiaire du Front patriotique du Viêt Nam, qui regroupe partis satellites, syndicats et organisations sociales.
L’Assemblée nationale élit pour cinq ans le chef de l’État qui promulgue les lois et les décrets. Il préside le Conseil d’État et, en tant que commandant des forces armées, le Conseil national de défense et de sécurité. Le Premier ministre, chef du gouvernement, nomme les ministres ; il est élu par l’Assemblée devant laquelle il est responsable.
L’Assemblée nationale, élue au suffrage universel pour cinq ans par tous les citoyens âgés de plus de dix-huit ans, est le corps législatif suprême. Les nominations gouvernementales sont ratifiées par l’Assemblée nationale.
La plus haute instance juridique est la Cour suprême du peuple, dont le président et le procureur sont désignés par l’Assemblée nationale. À la base de l’édifice se trouvent les tribunaux populaires.
Les conseils du peuple sont les instances administratives de base. Chaque conseil délègue à un comité populaire élu l’administration de la commune.
Le Parti communiste vietnamien demeure le parti politique dominant. Toutes les candidatures à l’Assemblée nationale doivent être approuvées par le Front patriotique.
À partir de 1992, l’armée vietnamienne a réduit ses effectifs. Elle compte aujourd’hui 412 000 hommes dans l’armée de terre, 42 000 dans la marine et 30 000 dans l’aviation. Le service militaire est obligatoire à partir de dix-huit ans, mais l’âge légal peut être abaissé à seize ans. Il dure de deux à trois ans suivant l’arme.
3.4 Langues et religions
Le vietnamien est la langue officielle parlée par 88 p. 100 de la population. C’est une langue monosyllabique et polytonale qui s’écrivait autrefois avec des caractères d’inspiration chinoise. Cependant, au XVIIe siècle, les missionnaires catholiques ont introduit l’alphabet latin créant le quôc ngu, qui est l’écriture officielle aujourd’hui. D’autres langues sont parlées par les minorités (khmer, thaï, cham, etc.). Le chinois est en régression, en raison du départ d’une partie de cette communauté, ces dernières années. Le français et l’anglais sont également parlés.
La religion la plus répandue au Viêt Nam est le bouddhisme. La minorité catholique romaine (4,5 millions de fidèles) demeure importante. Parallèlement au bouddhisme mahayana, il existe d’autres cultes particuliers au Viêt Nam. Ainsi le caodaïsme (de Cao Dai, « Palais suprême », en vietnamien), fondé en 1920 par Ngô Van Chieu, a été très puissant dans les années cinquante. Il s’inspire à la fois du taoïsme, du bouddhisme, du confucianisme et du christianisme. Comme l’autre secte politico-religieuse, Hoa-Hao, fondée dans les années trente, par le bonze Huynh Phu So, elle a pratiquement été démantelée sous le régime de Ngô Dinh Diêm ; cependant elle subsiste encore, surtout au sud. Le confucianisme, le taoïsme et les autres religions chinoises sont en régression. Les descendants des Chams (environ 40 000) pratiquent l’hindouisme ou l’islam, les peuples montagnards des cultes animistes.
3.5 Éducation
Toutes les écoles du Viêt Nam ont été nationalisées à la suite de la réunification. En 1995, 47 p. 100 des enfants âgés de 11 à 17 ans étaient scolarisés. L’enseignement gratuit et obligatoire a permis en vingt ans de réduire l’analphabétisme de 16,6 p. 100 à 6,3 p. 100. Les principales universités du Viêt Nam sont l’université de Hanoï (fondée en 1918), l’Université polytechnique (construite par l’URSS en 1965) et celle de Hô Chí Minh-Ville. Au total, 129 600 étudiants sont inscrits dans les 106 établissements d’enseignement supérieur du pays.
3.6 Arts et vie culturelle La culture vietnamienne a subi le choc de deux civilisations étrangères : chinoise et française. Langue des lettrés, le chinois n’est jamais devenu langue nationale ; langue de la période coloniale, le français n’a pas non plus supplanté le vietnamien. Le Viêt Nam a assimilé tous leurs apports sans perte d’identité. Toute une tradition populaire à base de proverbes, de dictons, de contes et de chansons n’a cessé de se développer, que ce soit sous la domination chinoise ou après.
C’est sous les Trân que sont apparues les premières œuvres en langue nationale chu nôm (populaire), un système de transcription combinant deux caractères chinois, l’un donnant la prononciation en vietnamien, l’autre donnant le sens. Grâce au chu nôm, les ouvrages de poètes anciens comme Nguyên Trai (1380-1442) sont parvenues jusqu’à nous. Le plus long roman en vers de la littérature vietnamienne le Kim Vân Kiêu, de Nguyên Du (1765-1820), a été composé en chu nôm.
La romanisation de l’écriture au cours de la période coloniale permit à la France de supplanter la Chine. Cette écriture, plus pratiquée, resta en usage et ouvrit le Viêt Nam à l’influence occidentale. C’est en 1925 que parurent les premiers romans écrits en quôc ngu.
3.6.1 Institutions culturelles
Deux grands musées de la culture vietnamienne ont été édifiés à Hanoï, en 1958, et à Hô Chí Minh-Ville, en 1977. La Bibliothèque nationale est installée dans la capitale depuis 1919 ; une deuxième bibliothèque a été construite à Hô Chí Minh-Ville, en 1976.
3.6.2 Médias
Deux quotidiens nationaux sont publiés au Viêt Nam : le Nhan Dan (« le Peuple »), journal officiel du Parti communiste (200 000 exemplaires), et le Quan Doi Nhan Dan (« l’Armée du peuple »), journal officiel de l’armée (60 000 exemplaires). Deux stations de radio nationales émettent à partir de Hanoï et une autre à partir de Hô Chí Minh-Ville. |
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