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 Histoire

5  HISTOIRE

En 1891, le docteur Eugène Dubois découvre l’un des fossiles de l’espèce Homo erectus les plus anciens jamais mis au jour, connu sous le nom d’homme de Java — ou Pithecanthropus erectus. Le peuplement moderne de l’archipel indonésien s’est constitué en plusieurs vagues successives au paléolithique. Il s’agissait de peuples de marins et riziculteurs qui ont transmis à l’Indonésie les techniques de pêche et de riziculture sur lesquelles elle a fondé sa civilisation.

5.1  Les premiers royaumes

Dès le Ve siècle apr. J.-C., deux types d’entités politiques émergent dans l’archipel : les États maritimes commerçants des côtes de Sumatra, du nord de Java, de Bornéo, de Célèbes, et les royaumes de l’intérieur fondés sur la riziculture, à l’est et au centre de Java. Ces royaumes, entrés en contact avec la civilisation indienne, en adoptent la langue (le sanskrit) et les religions (le bouddhisme et l’hindouisme). Le premier et le plus important de ces États indianisés est le royaume de Srivijaya, sur la côte sud-est de Sumatra, qui, à la fin du VIIe siècle, commerce avec l’Inde et la Chine, ce qui lui permet de contrôler pendant près de cinq cents ans la plupart des échanges entre la Chine, l’archipel indonésien et l’Inde.

Il reste peu de traces du royaume de Srivijaya sur l’île de Sumatra. En revanche, les royaumes hindou-bouddhistes dans le centre et l’est de Java ont laissé de nombreux vestiges, telles ces inscriptions qui montrent l’ampleur de l’influence indienne sur leur religion et sur l’organisation de l’État. Tous ces royaumes javanais étaient fondés sur la riziculture et présentaient une organisation administrative hiérarchique complexe dirigée par un roi-dieu.

À Java, le royaume hindouiste de Mataram se montre florissant sur le plateau Dieng au début du VIIIe siècle. Au cours de la seconde moitié de ce siècle, un royaume bouddhiste se développe sous la dynastie des Sailendra, dans la plaine voisine de Kedu. Les Sailendra bâtissent les immenses temples de Borobudur (bouddhiste) et du Prambanan (hindouiste) au milieu du IXe siècle. À cette époque, des souverains qui prétendent descendre du roi Sanjaya (règne estimé, 732-778) crée un nouveau royaume de Mataram dans le centre de Java. Au début du Xe siècle, les sites du centre de Java sont abandonnés au profit de la région est de l’île. Le XIVe siècle voit l’essor d’un nouvel État, le Majapahit, qui, sous le règne d’Hayam Wuruk (1350-1389), établit sa souveraineté sur la plus grande partie de l’Indonésie et de la Malaisie.

5.2  La conversion à l’islam

L’introduction de l’islam débute au XIVe siècle. Si, dès la fin du XIIIe siècle, des petits royaumes islamisés existaient dans le nord de Sumatra, le premier souverain musulman connu dans cette région est le sultan Malik al-Saleh, de Pasai. Propagée à l’origine par des marchands venus du sud de l’Inde et du Gujarat, la nouvelle religion se répand d’abord lentement jusqu’à ce que l’expansion du sultanat de Melaka, sur la côte ouest de la péninsule Malaise, lui donne son élan. Melaka devient le centre principal de diffusion de l’islam. Les princes marchands du nord de Java en viennent à diriger le commerce entre Melaka et l’est de l’archipel, et leur puissance croissante, tant commerciale que militaire, contribue à la disparition du royaume de Majapahit. L’hindouisme ne subsiste plus désormais qu’à Bali.

En 1511, les Portugais contrôlent Melaka, et dix ans plus tard la flotte de Magellan, mandatée par l’Espagne, atteint les Philippines. L’intrusion hispanique et lusitanienne modifie le schéma des échanges commerciaux dans l’archipel et renforce ou fait naître plusieurs sultanats musulmans, qui ouvrent ainsi d’autres routes commerciales.

Aceh, au nord de Sumatra, est le premier adversaire des Portugais de Melaka au XVIe siècle. Sous le règne du sultan Iskandar Muda, Aceh contrôle tous les ports faisant le commerce du poivre à Sumatra, à l’exception de l’extrême sud, et son influence s’étend à certaines régions de la péninsule Malaise. Macassar (voir Ujung Pandang), dans le sud-ouest de Célèbes, se convertit à l’islam en 1603, et Bantam, successeur musulman du royaume hindou de Sunda, à l’ouest de Java, qui contrôlait le sud de Sumatra (et donc le détroit de la Sonde) constituent les deux autres États marchands à cette époque. À la fin du XVIe siècle, le nouveau royaume musulman de Mataram émerge dans le centre de Java et commence à absorber un grand nombre des principautés maritimes de l’île.

5.3  La colonisation hollandaise

La Compagnie hollandaise des Indes orientales, fondée en 1602, lutte contre les Portugais et les Anglais pour s’emparer du commerce des épices de l’archipel. Le gouverneur général Jan Pieterszoon Coen fait de Batavia (aujourd’hui Jakarta) le quartier général des Hollandais et cherche à isoler le réseau commercial indigène des routes commerciales internationales. Le pouvoir hollandais se développe par une politique de coups de force et d’alliances avec les souverains locaux. Un bref conflit avec Mataram, en 1629, est suivi par une période de coexistence et, en 1678, Mataram cède la région de Preanger, dans l’ouest de Java, à la Compagnie.

5.4  La formation des Indes néerlandaises

En 1799, le privilège de la Compagnie n’est pas renouvelé. L’État néerlandais va exploiter directement ses possessions. Pendant les guerres napoléoniennes, Français et Britanniques se disputent le pouvoir. De 1811 à 1816, les Britanniques installent tous les comptoirs sous le contrôle de sir Thomas Stamford Raffles. Puis, par le traité de Londres (1824), le royaume des Pays-Bas reprend possession de sa colonie.

Les énormes dépenses occasionnées par la résistance du prince javanais Diponegoro, de 1825 à 1830, amènent les Néerlandais à annexer les principautés centrales javanaises. En 1830, le gouverneur Johannes Van den Bosch met en place un système de cultures forcées dans lequel les paysans doivent consacrer un certain pourcentage de leurs terres (officiellement un cinquième, mais souvent beaucoup plus) à la culture des plantes d’exportation définies par le gouvernement. Très profitable pour les Néerlandais, ce système provoque de grandes famines dans certaines régions de Java au cours des années 1840 et 1850, ainsi que de nombreuses révoltes.

À Sumatra, les Néerlandais, qui imposent leur autorité sur certaines zones de l’intérieur dès 1837, annexent les principautés côtières du nord-est en 1858. L’autorité coloniale en dehors de Java s’impose parfois de façon indirecte, par l’intermédiaire des sultans.

Une campagne des libéraux néerlandais contre le système de cultures forcées réussit vers les années 1870 à en faire disparaître les aspects les plus injustes. Par la suite, le pétrole, l’étain et le caoutchouc commencent à remplacer le café, le sucre et le tabac comme exportations principales vers l’Europe. Ces produits ne proviennent pas de Java mais de nouvelles régions annexées. Après une guerre de trente ans, Aceh est soumise en 1908, et Bali en 1909 ; à ce moment, Célèbes, les Moluques, les petites îles de la Sonde et la plus grande partie de Bornéo sont déjà passés sous le ferme contrôle des Pays-Bas.

5.5  La naissance du nationalisme

Au début du XXe siècle, les Néerlandais lancent une politique éthique qui vise à développer l’agriculture, les services sociaux et éducatifs, ainsi que les chemins de fer, les routes et les services maritimes entre les îles. Mais cette politique ne s’accompagne pas de réformes suffisantes, et quelques étudiants indonésiens éduqués à l’occidentale ainsi qu’un groupe plus restreint d’entrepreneurs commencent à se confronter à la classe marchande des Chinois, encore prédominante. Ces Indonésiens reprochent à la structure coloniale de leur refuser un rôle en rapport avec leur éducation ou leurs capacités.

Le premier moteur important du mouvement nationaliste anti-néerlandais est le Sarekat Islam (Union islamique), créé en 1912. Issu d’une association des marchands de batik, Sarekat Islam compte dès 1918 plus de 2 millions d’adhérents dans tout l’archipel. Une scission en son sein conduit à la création, en 1920, du Parti communiste indonésien, le premier parti communiste d’Asie.

À partir des années vingt, le mouvement nationaliste est dirigé par des chefs qui ne sont pas forcément musulmans, notamment Sukarno, un avocat de l’indépendance totale qui fonde le Partai Nasional Indonesia (Parti nationaliste indonésien ou PNI) en 1927. Malgré les arrestations et les exils de Sukarno (1929-1931, 1933-1942) et de Muhammad Hatta (1934-1942), malgré l’interdiction du PNI et des autres partis qui refusent de coopérer, le mouvement nationaliste conserve toute sa vigueur.

5.6  L’occupation japonaise

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais envahissent et occupent les îles. D’abord accueillis en libérateurs, ils s’aliènent la population en réquisitionnant des centaines de milliers d’ouvriers, les romushas, dont beaucoup périssent de malnutrition et d’épuisement. Mais en 1943 le mouvement nationaliste profite des offres du gouvernement japonais, qui libère ses dirigeants. Sukarno et Hatta organisent alors un mouvement de masse, le Petara, qui diffuse les idéaux nationalistes. Les Japonais acceptent également la formation d’une milice nationaliste, la Peta, qui va former le noyau de la future armée indonésienne.

5.7  La lutte pour l'indépendance après la guerre

Le 17 août 1945, deux jours après la reddition du Japon, Sukarno et Hatta proclament l’indépendance de la République indonésienne dont ils deviennent président et vice-président. Lorsque les troupes britanniques débarquent sur les îles, à la fin de septembre, une administration républicaine fonctionne déjà. Quand les Britanniques se retirent, en novembre 1946, ils persuadent les Néerlandais et les républicains de signer l’accord Linggajati, qui reconnaît l’autorité de fait de la République à Java et Sumatra et prévoit la création d’une Indonésie fédérale.

Mais en juillet 1947, prétextant des violations de l’accord, les Néerlandais lancent une attaque contre la République, étendant leur contrôle sur les deux tiers de Java, les grandes plantations et les champs de pétrole de Sumatra. Des protestations aux Nations unies (ONU) aboutissent à la formation d’une commission de bons offices de l’ONU, qui préside à la signature des accords de Renville entre les deux parties. Un blocus néerlandais des territoires républicains provoque d’énormes problèmes économiques et ne fait qu’accroître le mécontentement populaire à l’égard de la politique de la République, qui négocie avec les Néerlandais au lieu de les attaquer militairement. Cet élément, parmi d’autres, provoque le soulèvement d’inspiration communiste manqué contre les dirigeants politiques à Madiun en septembre 1948.

En décembre 1948, ignorant les lignes de cessez-le-feu de l’ONU, les Néerlandais attaquent à nouveau la République, assiégeant sa capitale Yogyakarta, arrêtant et exilant la plupart de ses hauts dirigeants, y compris Sukarno et Hatta. Malgré les succès apparents de leur attaque initiale, la résistance de la guérilla républicaine et la pression de la communauté internationale forcent les Néerlandais à transiger. En 1949, lors d’une conférence à La Haye, ils acceptent de transférer la souveraineté sur la totalité de l’Indonésie, excepté la Nouvelle-Guinée occidentale, à la République fédérale des États-Unis d’Indonésie (RUSI) avant la fin de l’année.

5.8  Le régime Sukarno

Sukarno, face aux tentatives sécessionnistes appuyées par les Néerlandais à l’ouest de Java et à Aceh, à Célèbes et dans les Moluques, rétablit en août 1950 un État unitaire en Indonésie. Des élections générales à la fin de 1955 donnent un Parlement où aucun parti ne détient la majorité et où un seul, le Masjumi (musulman), peut revendiquer une audience significative en dehors de Java.

Le progressisme de Sukarno, qui souhaite intégrer le Partai Komunis Indonesia (PKI) dans le gouvernement, heurte les partis musulmans et l’armée. La désorganisation de l’économie, la corruption amènent Sukarno à proposer une « démocratie dirigée », seule capable à ses yeux de refaire l’unité du pays. En février 1958, des militaires et des islamistes proclament, avec l’appui officieux des États-Unis, un gouvernement rival à Sumatra. Les forces de Jakarta les battent rapidement, mais la guérilla se poursuit jusqu’en 1961.

Pendant cette période (1959-1965), l’Indonésie poursuit une politique étrangère active, exigeant que les Néerlandais rendent Irian-Ouest (finalement restituée à l’Indonésie sous mandat de l’ONU en 1962) et s’opposant à la création de la Malaisie en 1963. Sur le plan interne, le déclin économique se poursuit ; l’armée et les communistes (PKI) devenant plus puissants, la tension augmente entre les deux groupes.

5.9  L’arrivée au pouvoir de Suharto

Suharto Alain Morvan/Liaison Agency 
 
Le 30 septembre 1965, le lieutenant-colonel Untung et des officiers progressistes s’emparent de Jakarta. Six généraux sont assassinés, mais Sukarno refuse de soutenir le coup d’État. Le général Suharto, chef du commandement stratégique de l’armée, écrase la tentative de soulèvement, reprend le contrôle de l’armée et obtient du président Sukarno qu’il lui cède le pouvoir effectif en mars 1967. Alors que l’identité et les motifs des vrais instigateurs de la tentative de soulèvement demeurent controversés, l’armée n’a cessé de dénoncer la responsabilité du PKI.

À la fin de 1965, malgré les efforts de Sukarno pour calmer la situation, des unités de l’armée et des groupes musulmans, basés essentiellement dans les campagnes, organisent le massacre de plusieurs milliers de communistes et de sympathisants. Les estimations du nombre de victimes varient de 500 000 à 1 million de morts. Le PKI est interdit en mars 1966, et le gouvernement arrête des centaines de milliers de personnes accusées d’avoir participé à l’insurrection.

5.10  Le Nouvel Ordre

Démission de Suharto Les étudiants indonésiens manifestent leur joie devant le Parlement, le 21 mai 1998, après l'annonce de sa démission par le président Suharto. Depuis le mois de février, les étudiants de toute l'Indonésie manifestaient sur les campus pour réclamer une libéralisation politique et économique du pays.
 
Prenant le contre-pied de Sukarno, le général Suharto recherche le soutien occidental. Le « Nouvel Ordre » de Suharto met fin à la confrontation avec la Malaisie et l’Indonésie et devient par la suite un participant, et un promoteur ardent, de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Ansea). Le gouvernement contrôlé par l’armée encourage les investissements étrangers directs et reçoit des prêts des pays occidentaux.

Les élections de 1971 font l’objet d’un strict contrôle et l’organisation gouvernementale Golkar obtient la plupart des sièges d’un Parlement au rôle purement consultatif. Golkar réalise de nouveau un score de 62 p. 100 des voix aux élections de 1977.

Une deuxième crise surgit lors de l’invasion, en décembre 1975, de l’ancienne colonie portugaise de Timor, que l’Indonésie annexe malgré la condamnation de l’ONU et du Portugal. Des organisations de défense des droits de l’homme estiment que près de 200 000 personnes ont été tuées par l’armée indonésienne après 1975. Le Fretilin (Front révolutionnaire pour l’indépendance de Timor-Oriental), très affaibli depuis la capture de son chef historique Xanana Gusmao, résiste cependant. Des tensions politiques permanentes dans cette région ont conduit à un massacre de manifestants partisans de l’indépendance, par l’armée indonésienne, en novembre 1991.

L’opposition la plus importante au régime de Suharto provient des groupes musulmans qui n’ont jamais accepté les tentatives de contrôle du gouvernement, et des étudiants, excédés par la corruption et la violation des droits de l’homme. En réaction à des manifestations étudiantes nombreuses au début de l’année 1978, le gouvernement renforce le contrôle des universités et de la presse.

Le plus grand danger à terme pour le régime est lié aux inégalités économiques et sociales croissantes, notamment le manque de terres chez les paysans javanais. Ces inégalités sont aggravées par l’augmentation de la population, malgré un programme réussi de limitation des naissances qui, à Java, contribue à freiner l’essor démographique. Néanmoins, la « génération de 1945 », issue de l’armée et vieillissante, monopolise le pouvoir et semble vouloir le conserver. Le Parlement réélit plusieurs fois Suharto, candidat sans opposition, et élargit ses pouvoirs. Toujours candidat unique, Suharto est réélu en mars 1988 puis à nouveau en mars 1993, pour la sixième fois consécutive.

Une opposition modérée émerge, à partir de 1996, amplifiée les années suivantes par la crise alimentaire et financière. Les réformes imposées par le FMI, dont le plan de sauvetage met à mal le « nationalisme économique », constituent un sérieux revers pour le régime de Suharto, qui connaît sa plus grave crise. En mai 1998, dans un contexte de manifestations étudiantes et d’émeutes, l’opposition s’organise autour d’Amin Raïs et de Megawati Sukarnoputri, fille de Sukarno. Réélu en mars 1998, Suharto est contraint de démissionner deux mois plus tard, après trente-deux ans passés au pouvoir.

Jusuf Habibie le remplace mais, face à la pression des étudiants, il doit faire des concessions dans le sens de la démocratie : nombre de mandats présidentiels consécutifs réduit à deux, élections libres en 1999, plus grande autonomie des régions. Les partis politiques sont autorisés à se constituer librement à la condition de respecter les cinq principes de base (Pancasila) de l’idéologie de l’État indonésien. Face au Golkar, parti jusqu’alors dominant, figurent surtout trois forces politiques d’obédience musulmane, qui passent un pacte d’union : le Parti démocratique d’Indonésie (PDI) de lutte de Megawati Sukarnoputri, le Parti du mandat national d’Amien Raïs et le Parti du réveil de la nation d’Abdurrahman Wahid.

Parallèlement, l’archipel est le théâtre de violences et d’affrontements entre communautés ethniques et religieuses, notamment à Jakarta, à Ambon dans les Moluques, dans l’ouest de Java (musulmans contre chrétiens) et à Kalimantan dans l’île de Bornéo (Malais contre minorité d’origine maduraise). Des mouvements sécessionnistes se manifestent à Aceh dans l’île de Sumatra, en Irian Jaya, ainsi que dans la province d’Atjeh. Au référendum d’août 1999, les Est-Timorais, rejetant l’offre « d’autonomie spéciale » proposée par l’Indonésie, se prononcent pour l’indépendance du Timor-Oriental, ce qui provoque une vague de terreur perpétrée par les extrémistes anti-indépendantistes et l’armée indonésienne.

5.11  Un gouvernement d’unité nationale

Megawati Sukarnoputri Après la destitution du président Abdurrahman Wahid, le 23 juillet 2001, la vice-présidente indonésienne Megawati Sukarnoputri lui succède aussitôt. Âgée de cinquante-quatre ans, Megawati Sukarnoputri est la fille aînée du premier président de la république d'Indonésie, Sukarno. Surnommée « Mega » ou « la mère du peuple », elle bénéficie d'une grande popularité auprès de son peuple.
 
Les élections législatives, qui se tiennent en juin 1999 dans un contexte de crise économique aiguë, sont remportées par le PDI (33,7 p. 100). Celui-ci devance le Golkar (22,4 p. 100), au pouvoir depuis trente ans. En octobre 1999, le dirigeant musulman Abdurrahman Wahid, dit « Gus Dur », est élu président et Megawati Sukarnoputri, son alliée politique, vice-présidente. Cherchant à réduire le rôle politique de l’armée, le président forme un gouvernement « d’unité nationale » chargé de redresser l’économie et de lutter contre la corruption. Celui-ci entérine l’indépendance du Timor-Oriental, provisoirement placé sous gestion onusienne. Une série de procès ou d'enquêtes visant la hiérarchie militaire débutent alors. En février 2000, le général Wiranto, ministre de la Sécurité et des Affaires politiques et sociales, est suspendu, en attente des résultats de l’enquête concernant les exactions commises au Timor par l’armée. Le procès de l’ancien président Suharto, accusé de corruption, s’ouvre le 14 septembre, mais les avocats de la défense présentent un document attestant qu'il n'est pas en état de comparaître en raison de problèmes neurologiques. Le 28 septembre, le tribunal de Djakarta abandonne les poursuites.

Lors de la session annuelle de l’Assemblée consultative du peuple (MPR), la gestion du président Abdurrahman Wahid fait l’objet de nombreuses critiques et des tentatives sont faites pour réduire son rôle. Celui-ci est amené à faire des concessions — prolongation jusqu’à 2009 au lieu de 2004 de la représentation (38 sièges) des militaires au sein du MPR ; devoir reconnu à l’armée de défendre « l’intégrité nationale » et amendement à la Constitution mettant à l’abri de poursuites les responsables d’exactions pendant la dictature. Le 22 août, il confie par décret présidentiel la gestion du cabinet à Megawati Sukarnoputri et un nouveau gouvernement est formé. Cette grave crise politique se poursuit avec, en février 2001, une menace de destitution à l’encontre du président Wahid, accusé de corruption. Son isolement croissant contribue à renforcer la position de l'armée face aux mouvements séparatistes, à Aceh comme en Irian Jaya. Alors qu’un accord de cessez-le-feu entre les mouvements séparatistes d’Aceh et l’Indonésie a été signé en mai 2000 mais n'a jamais été respecté, la situation continue de se dégrader. En Irian Jaya, les Papous déclarent unilatéralement leur indépendance (juin 2000). Policiers et soldats sont envoyés en renfort dans cette province, dont les richesses minières financent l'Indonésie. En novembre 2000, le procès de Suharto pour corruption reprend.

La situation politique se dégrade rapidement. Les revendications indépendantistes prennent de l’ampleur (grande manifestation à Aceh en novembre 2000), tandis que les affrontements ethnico-religieux et les attentats se multiplient. À partir de février 2001, le président Wahid est suspecté d’être impliqué dans deux scandales financiers. De violentes manifestations opposent ses détracteurs et ses partisans, tandis que l’Assemblée nationale le censure à deux reprises. Finalement, le 23 juillet 2001, Wahid est destitué à l’unanimité par le Parlement, pour « violation des principes fondamentaux de l’État ». Megawati Sukarnoputri, vice-présidente, lui succède aussitôt. Âgée de cinquante-quatre ans, elle est la fille aînée de Sukarno. Surnommée « Mega » ou « la mère du peuple », elle est la personnalité la plus populaire du pays, même si certains critiquent son immobilisme. Elle bénéficie par ailleurs du soutien de la quasi-totalité de la classe politique, ainsi que de celui des pays voisins et occidentaux. Les principaux dossiers auxquels elle doit faire face concernent la relance de l’économie ainsi que les séparatismes locaux et religieux qui menacent l’intégrité de l’État.

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