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4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités
Jusqu’au début du XXe siècle, le Canada était essentiellement un pays agricole ; depuis, il est devenu l’un des pays les plus industrialisés au monde, avec, en 1998, un PNB de 583,9 milliards de dollars, soit 19 290 dollars par habitant. La croissance était en 1997 de 3,6 p. 100 (2 p. 100 en moyenne sur la période 1986-1996). Dans une large mesure, les industries manufacturières sont approvisionnées en matières premières par les abondantes ressources naturelles du pays.
Depuis 1994, le pays connaît une croissance économique, son agriculture est productive et c’est une grande puissance minière. L’inflation a été maîtrisée (1,7 p. 100 en 1995, 0,7 p. 100 en 1997, un peu plus de 1 p. 100 prévu pour 1998), mais deux grands problèmes demeurent : le poids de la dette publique (65 p. 100 du PIB) et le taux de chômage élevé (6,8 p. 100 de la population active en 2000, un peu plus de 8 p. 100 pour 1998, le plus bas niveau depuis 1990). Ce taux moyen ne reflète pas les disparités régionales, ainsi l’ouest est moins touché que l’est du Canada, où il atteint 18 p. 100 à Terre-Neuve, depuis le récent effondrement de l’industrie de la pêche. Pour la première fois depuis trente ans, l’année fiscale 1997-1998 présentait un budget sans déficit. Et si, fin 1998, l’économie donnait des signes d’essoufflement, liés à la crise asiatique, les prévisions pour 1999 sont plutôt optimistes et misent sur une progression du PIB.
4.2 Agriculture, forêts, pêche
L’économie canadienne dépend fortement de l’agriculture, qui n’employait cependant que 4,1 p. 100 de la population active en 1991 et ne représentait que 2,4 p. 100 du PIB. Il y a quasiment la même proportion d’exploitations agricoles qui se consacrent principalement aux cultures que d’exploitations où prédomine l’élevage.
4.2.1 Cultures et élevage
Moisson (Ontario) Grâce à ses sols fertiles et à son climat tempéré par l'influence des Grands Lacs, le sud de l'Ontario est une riche région agricole. La céréaliculture occupe une place de choix dans la production régionale. Une grande partie de l’agriculture du pays repose sur la monoculture du blé (24,1 millions de t en 1995), essentiellement cultivé dans les provinces de la Prairie (Alberta, Manitoba et Saskatchewan). Ces provinces produisent également des céréales et des graines oléagineuses. Après le blé, les principales récoltes sont le colza, les légumes, l’orge, le maïs, les pommes de terre, les fruits, le tabac, l’avoine, le lin, le tournesol et le soja. En 1995, le Canada était le 6e producteur mondial de blé et le 3e producteur mondial d’orge. La production de céréales a été, en 1995, de 47,6 millions de t, dont 27 millions ont été exportées, ce qui fait du Canada le 1er exportateur de céréales.
La majorité des produits à base d’érable proviennent du Québec, tandis que l’Ontario fournit la plus grande partie de la récolte de tabac du pays. La polyculture est en plein développement, en particulier dans les Provinces maritimes et dans le bassin du Saint-Laurent ; la culture des fruits se concentre dans l’Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec ; ces provinces sont également spécialisées dans la culture de légumes.
L’élevage et ses produits dérivés jouent un rôle de moindre importance, mais sont néanmoins présents dans le secteur primaire. Le bétail est prédominant dans les provinces de l’ouest ; l’Ontario et le Québec sont les principaux fournisseurs de produits laitiers. En 1994, le cheptel bovin canadien s’élevait à 12 millions de têtes et le cheptel porcin représentait 11,2 millions de têtes.
Les activités liées à l’exploitation des fourrures ont joué un grand rôle dans l’histoire canadienne, puisque les premiers habitants du territoire étaient essentiellement des chasseurs et des trappeurs.
4.2.2 Sylviculture et pêche
Usine de papier (Terre-Neuve) La province canadienne de Terre-Neuve possède d'importantes ressources forestières essentiellement destinées à la fabrication de papier, comme dans l'usine de Grand Falls. L’industrie forestière est une source importante de richesses pour le Canada, les produits forestiers représentant annuellement près d’un quart de la valeur des exportations canadiennes. L’immense domaine forestier couvre 4,2 millions de km2, dont 90 p. 100 environ appartiennent à l’État. En 2000, la production de bois s’élevait à 185,7 millions de m³. De plus, la forêt alimente une industrie complexe et diversifiée (scierie, pulpe, papier) et elle est créatrice d’emplois.
Pêcheurs de Terre-Neuve Grâce à la présence des Grands-Bancs, la pêche est une des activités principales de la province canadienne de Terre-Neuve. Les ressources halieutiques du pays sont importantes dans le nord-est de l’Atlantique et le nord-ouest du Pacifique, ainsi que dans les zones d’eau douce, les plus étendues du monde. La plus grande partie de la production annuelle est exportée — le Canada est un des plus grands exportateurs de poissons au monde. Les prises (1 030 523 tonnes en 1997) comprennent essentiellement morues, harengs, saumons, soles, homards, coquilles Saint-Jacques, crabes et rougets.
4.3 Mines et industries
4.3.1 Richesses minières
Mine de plomb et de zinc (Yukon) L’exploitation minière est une source importante de richesse nationale ; au début des années quatre-vingt dix, le pays était la 7e puissance minière du monde. L’industrie minière canadienne est fortement orientée vers l’exportation.
La croissance de ce secteur est due, en particulier, à la découverte et à l’exploitation de gisements de pétrole et de gaz naturel (voir Combustibles, gaz) dans l’ouest du Canada, de fer dans le Labrador et au Québec ; de nickel dans l’Ontario et le Manitoba (2e producteur mondial) ; d’uranium dans l’Ontario et la Saskatchewan (1er producteur) ; de potasse dans la Saskatchewan (1er producteur). Le Canada exploite également du soufre dans les provinces occidentales et possède de nombreuses richesses en cuivre, en plomb, en zinc, en or et en charbon. Le pays était le 2e producteur de zinc en 1995 et fait partie des plus grands producteurs de cobalt (4e producteur mondial en 1995), de cuivre (6e producteur), d’or (6e producteur), de gypse, de fer, de lignite, de plomb, de molybdène, de gaz naturel (3e producteur), de cadmium et d’argent (8e producteur).
4.3.2 Industrie
L’économie canadienne est largement dépendante de l’industrie, qui a connu une croissance remarquable depuis 1945 ; en 1991, elle employait environ 22,9 p. 100 de la population active et représentait 29,8 p. 100 du PIB annuel. Pourtant l’industrie canadienne demeure encore tributaire des États-Unis, en particulier en termes de capitaux et du point de vue technique.
La métallurgie est un secteur primordial dans le domaine industriel, mais le pays possède également des usines agroalimentaires, chimiques, textiles, automobiles et de matériel de transport. L’importance des forêts permet l’exploitation de bois, la production de produits dérivés et de papier. Le raffinage du pétrole, la fabrication de matériel électrique et électronique sont également des secteurs dynamiques.
Les provinces les plus actives dans le domaine industriel sont l’Ontario et le Québec. Les principales villes manufacturières sont Toronto, Montréal, Hamilton, Vancouver, Windsor, Winnipeg et Kitchener. Enfin, la haute technologie se développe autour des agglomérations de Toronto et de Vancouver. L’Ontario est le foyer industriel du Canada et Toronto en est le centre d’affaires et de finances. Le golfe du Saint-Laurent fait de Montréal le port le plus important, tandis que la Colombie-Britannique représente, pour le pays, une porte ouverte sur les marchés du Pacifique.
4.3.3 Hydroélectricité : un domaine de pointe
Le Canada est l’un des plus grands producteurs d’hydroélectricité au monde et le 1er producteur d’énergie hydraulique (voir Électricité, production et distribution de l’). La plus grande quantité de la puissance hydroélectrique du pays est générée au Québec — qui détient 25 p. 100 des ressources du Canada —, dans l’Ontario, à Terre-Neuve et en Colombie-Britannique. En 1979 a été mise en service la première des neuf stations hydroélectriques prévues sur la Grande Rivière, tributaires de la baie James, au Québec ; achevées en 1996, ces neuf installations représentent sans doute l’un des plus grands complexes hydroélectriques d’Amérique du Nord.
La production annuelle d’électricité était de 567,2 milliards de kilowattheures en 1999. Le Canada exporte environ 10 p. 100 de sa production énergétique vers les États-Unis.
4.4 Secteur tertiaire
4.4.1 Généralités
En 1991, 72,9 p. 100 de la population active était employée dans le secteur des services, ce qui représentait 67,8 p. 100 du PIB.
Le développement du secteur tertiaire est lié à l’urbanisation du pays et à l’implantation de nouvelles technologies ; il se concentre principalement dans la vallée du Saint-Laurent, en Ontario et au Québec. L’évolution de la structure professionnelle canadienne permet de mesurer la croissance du secteur tertiaire ; ainsi le nombre d’emplois créés parmi les professions libérales, les cadres et les employés n’a cessé d’augmenter au détriment des emplois de l’agriculture et du secteur secondaire. La ville de Sudbury, située en Ontario, est un exemple flagrant d’une ville spécialisée dans les services ; sa croissance spectaculaire lui a valu le surnom de boom town.
Les services administratifs — provinciaux et fédéraux — constituent une part non négligeable du tertiaire. Ce sont les métropoles canadiennes qui concentrent les activités du secteur public concernant l’éducation (universités et centres de recherche), la santé et les services sociaux.
Comme les autres grands pays développés, le Canada possède également un secteur quaternaire fondé sur les innovations technologiques, l’information, les télécommunications et l’informatique.
4.4.2 Secteur financier
L’unité monétaire du Canada est le dollar canadien, qui se subdivise en 100 cents. La Banque du Canada, créée en 1934, est chargée de l’émission des billets et du contrôle de la politique monétaire élaborée par le gouvernement.
Pour rééquilibrer le budget, l’État fédéral s’est lancé dans une politique de réduction des déficits budgétaires.
Le secteur financier repose sur le dynamisme des banques, des bourses et des compagnies d’assurance. Les banques les plus anciennes ont été fondées au XIXe siècle, comme la Banque de Montréal (1817) qui a financé de nombreux projets de développement des infrastructures de transport, ou la Banque de Québec (1818). Mais aujourd’hui, les deux centres qui regroupent les activités financières du pays sont Montréal et Toronto. Dans la capitale de l’Ontario, l’installation des sièges des grandes banques et des importants groupes financiers remonte au début du XXe siècle. Le quartier des affaires, situé aux alentours des rues King et Bay, abrite les imposants bâtiments du Commerce Court et du Toronto Dominion Center.
4.4.3 Transports
Les obstacles naturels que sont les nombreuses rivières et montagnes du Canada, la rigueur des conditions climatiques, l’immensité du territoire et la dispersion de la population exigent des systèmes de transport efficaces. Depuis les premières explorations du pays, le transport par eau s’est avéré indispensable. La voie maritime du Saint-Laurent s’étend sur 3 769 km entre le golfe du Saint-Laurent et le centre du continent. Elle a contribué grandement à l’essor industriel. Le pays abrite de nombreux ports de transit, tels Vancouver, Sept-Îles, Montréal, Port-Cartier, Québec, Halifax, Saint-Jean (Nouveau-Brunswick), Thunder Bay, Prince Rupert et Hamilton.
Le réseau de chemin de fer est également très développé : la Canadian National Railway, propriété de l’État, est la plus grande entreprise publique du Canada. Le système dessert les dix provinces et les Territoires du Nord-Ouest. La Canadian Pacific Railway, une entreprise privée, dessert tout le Canada, hormis Terre-Neuve, l’île du Prince-Édouard et les deux Territoires. Elle a participé à la construction du pays, en permettant le déplacement des hommes et des marchandises. Le transport interne des passagers est assuré par VIA Rail Canada, fondée en 1977.
De plus, le Canada dispose d’un vaste réseau routier. L’autoroute transcanadienne, ou Transcanada Highway, inaugurée en 1962, s’étend de Saint John’s (Terre-Neuve) à Victoria (Colombie-Britannique) sur 7 800 km.
Deux grandes compagnies aériennes, Air Canada et Canadian Airlines International, desservent un vaste réseau de lignes intérieures et internationales. Les aéroports internationaux de Lester B. Pearson (Toronto), Vancouver, Dorval et Mirabel, agrandi en 1997 (près de Montréal), et Calgary sont très actifs. Les provinces disposent également de compagnies régionales.
4.4.4 Tourisme
Le tourisme est devenu l’une des principales industries du Canada, en particulier grâce à ses somptueux paysages, qui attirent de nombreux visiteurs (20,4 millions en 2000). Outre ses sites naturels préservés comme parcs nationaux, le pays abrite des stations de sports d’hiver et de multiples infrastructures, accueillant des manifestations culturelles et artistiques. Les spectaculaires chutes du Niagara, situées à la limite de l’État de New York et de la province de l’Ontario, accueillent chaque année 12 millions de visiteurs. De nombreux hôtels, restaurants et des parcs d’attractions ont été construits aux alentours.
4.5 Commerce extérieur
Les États-Unis représentent le principal partenaire économique du Canada, à la fois dans le domaine des importations et dans celui des exportations. Le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France sont traditionnellement les autres grands partenaires commerciaux du pays. En 1992, le Canada et les États-Unis ont conclu un accord de libre-échange, élargi au Mexique et ratifié en 1993 : l’Alena, qui établit les bases du commerce et des échanges en Amérique du Nord.
En 1995, la balance commerciale était excédentaire : le total des importations représentait 164,3 milliards de dollars et les exportations 192,2 milliards de dollars. Les principaux produits exportés proviennent des riches ressources agricoles et minières, ainsi que des produits manufacturés. Les importations concernent essentiellement les produits énergétiques.
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