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2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief
2.1.1 Régions naturelles
Glacier (Yukon) Vêlage d'un glacier polaire du Yukon, dans le Grand Nord canadien. Des pans de glace ou icebergs se détachent du front du glacier qui s'avance dans la mer.Yukon Government Photo Si l’on excepte l’archipel Arctique, on distingue, au Canada, cinq grandes régions naturelles : le Bouclier canadien, les Appalaches, les plaines des Grands Lacs et du Saint-Laurent, les plaines intérieures (ou Prairie) et la Cordillère.
La plus vaste de ces régions, le Bouclier canadien, s’étend de la péninsule du Labrador au Grand Lac de l’Ours, de l’océan Arctique à l’archipel des Mille-Îles dans le Saint-Laurent et, aux États-Unis, à l’ouest du lac Supérieur et au nord de l’État de New York. Cette région, formée de roches anciennes granitiques (datant du précambrien), dénudée et fortement érodée par les glaces, est une pénéplaine composée de collines. Elle englobe le Labrador (dont la partie orientale constitue, avec l’île de Terre-Neuve, la province de Terre-Neuve), la plus grande partie du Québec, le nord de l’Ontario, le Manitoba et la majorité des Territoires du Nord-Ouest, avec la baie d’Hudson, une mer intérieure couvrant environ 730 380 km2. C’est une des plus vieilles terres du monde. Le Bouclier est recouvert de forêts boréales, de lacs et de marais ; il se relève au sud et à l’est vers les hautes terres canadiennes.
L’est du Canada est à la fois le domaine de la région appalachienne, des plaines des Grands Lacs et du Saint-Laurent. La région appalachienne englobe Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l’île du Prince-Édouard, ainsi que la Gaspésie, au Québec. C’est une extension du système montagneux des Appalaches, situé aux États-Unis, et de la plaine côtière atlantique. Les plaines des Grands Lacs et du Saint-Laurent, qui couvrent une superficie de près de 100 000 km2 dans le sud du Québec et de l’Ontario, constituent la plus grande étendue de terres cultivables de l’est et du centre du Canada ; la plupart des industries manufacturières du pays y sont implantées.
Bordant à l’ouest le Bouclier canadien, les plaines intérieures (la Prairie canadienne) sont une extension des Grandes Plaines des États-Unis. S’étendant sur une largeur de 1 300 km à la frontière américaine, elles se réduisent à 320 km environ à l’ouest du Grand Lac de l’Ours pour s’élargir à nouveau à l’embouchure du fleuve Mackenzie et atteindre 480 km environ sur la côte arctique. Les plaines intérieures englobent le nord-est de la Colombie-Britannique, la plus grande partie de l’Alberta, la moitié sud de la Saskatchewan et le tiers méridional du Manitoba. Cette région possède les terres les plus fertiles du Canada, utilisées essentiellement pour la céréaliculture.
Plaine de la Saskatchewan Les herbes hautes qui entourent cette petite église sont caractéristiques du relief de plaines, parsemé de cours d'eau, couvrant les deux-tiers sud de la province canadienne de la Saskatchewan. À l’ouest des plaines intérieures, se situe une zone montagneuse qui est une portion de la Cordillère, gigantesque chaîne qui s’étend de la pointe méridionale de l’Amérique du Sud jusqu’à l’extrémité de l’Alaska. Au Canada, la Cordillère a une largeur moyenne d’environ 800 km. Elle englobe l’ouest de l’Alberta, la plus grande partie de la Colombie-Britannique et la quasi-totalité du Yukon. Elle se compose des montagnes Rocheuses et des formations apparentées, dont les monts Mackenzie, Franklin et Richardson. Le mont Robson (3 954 m) est le plus haut sommet des Rocheuses canadiennes et une dizaine d’autres pics s’élèvent à plus de 3 500 m.
À l’ouest des Rocheuses canadiennes se trouvent d’autres formations montagneuses, dont les monts Caribou, Stikine et Selkirk, et une vaste région de plateaux. Cette dernière zone est sillonnée de profondes vallées et possède de vastes étendues de terres cultivables, en particulier en Colombie-Britannique. À l’ouest de cette bande centrale, et presque parallèlement à l’océan Pacifique, se dresse un autre grand système montagneux parsemé de glaciers, qui englobe la chaîne Côtière, prolongement de la chaîne des Cascades aux États-Unis, et divers chaînons côtiers. Les sommets les plus remarquables de la Cordillère occidentale canadienne sont le mont Logan (5 959 m, point culminant du Canada et deuxième sommet d’Amérique du Nord, après le mont McKinley), le mont Saint Elias (5 489 m), le mont Lucania (5 226 m) et le King Peak (5 173 m), tous situés dans la chaîne Saint Elias.
2.1.2 Côtes et îles
La côte continentale du Canada, qui mesure quelque 58 500 km de long, est extrêmement accidentée et irrégulière, alternant baies et vastes péninsules. Outre l’archipel Arctique, le Canada compte aussi de nombreuses îles, qui totalisent 185 290 km de côtes. Au large des côtes orientales, les plus grandes îles sont Terre-Neuve, l’île du Cap-Breton, l’île du Prince-Édouard et l’île d’Anticosti. La côte ouest, avec sa dentelle de fjords, est bordée par l’île de Vancouver et les îles de la Reine-Charlotte. L’île Southampton et de nombreux îlots se trouvent dans la baie d’Hudson, large mer intérieure au centre-est du Canada.
2.2 Hydrographie
Rapides du Saint-Jean La baie de Fundy, qui sépare la Nouvelle-Écosse du Nouveau-Brunswick, connaît des marées de forts coefficients (jusqu'à 19 m d’amplitude). Lors de la marée montante, la mer se mêle aux eaux du fleuve Saint-Jean, à proximité de la ville de Saint-Jean, inversant le flux des rapides dans un sens, puis dans l'autre, en un point appelé Reversing Falls. Le Canada comprend davantage de lacs et d’eaux intérieures que tout autre pays au monde (250 000 lacs, soit une superficie de 755 180 km2 représentant 7,5 p. 100 du territoire) ; ils constituent l’une des principales sources de richesse sur le plan énergétique et en tant que voies de communication. Outre les Grands Lacs situés à la frontière avec les États-Unis — et qui, à l’exception du Michigan, se situent tous pour partie en territoire canadien —, le pays compte une trentaine de lacs de plus de 1 300 km2. Les plus grands de ces lacs sont le Grand Lac de l’Ours, le Grand Lac de l'Esclave, tous deux situés dans les Territoires du Nord-Ouest, le lac Athabasca (sur la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan) et le lac Winnipeg au Manitoba.
Le Saint-Laurent constitue une artère fluviale primordiale pour le pays ; c’est l’exutoire des Grands Lacs et il se déverse dans le golfe du Saint-Laurent. Les autres cours d’eau du Canada sont la rivière des Outaouais et le Saguenay, principaux affluents du Saint-Laurent ; le fleuve Saint-Jean, qui se déverse dans la baie de Fundy, entre la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ; la Saskatchewan, qui se jette dans le lac Winnipeg ; le fleuve Nelson, qui coule du lac Winnipeg vers la baie d’Hudson. Le système formé par l’Athabasca, la rivière de la Paix, la rivière des Esclaves et le Mackenzie se jette dans l’océan Arctique. Le cours supérieur du Yukon traverse l’Alaska pour se jeter dans la mer de Béring. Enfin, le fleuve Fraser et le cours supérieur de la Columbia se jettent dans l’océan Pacifique.
2.3 Climat
En raison de son étendue et de sa localisation, le pays offre un climat varié. Une partie du Canada continental et la majorité de l’archipel Arctique se situent dans la zone polaire ; le reste du pays se trouve dans le nord de la zone tempérée. Aussi, les conditions climatiques générales varient-elles du froid extrême, caractéristique des régions arctiques, jusqu’aux températures modérées des régions plus méridionales. Mais la majeure partie du pays subit un enneigement supérieur à cinq mois.
Le climat canadien est marqué par de fortes disparités régionales. Dans les Provinces maritimes (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et île du Prince-Édouard), le froid hivernal et la chaleur estivale sont atténués par les courants océaniques, qui provoquent également d’épais brouillards et de fortes précipitations. Le long de la côte ouest, zone influencée par des courants chauds maritimes et des vents chargés d’humidité, le climat se caractérise par des étés et des hivers doux, une humidité élevée et d’abondantes précipitations. Dans la Cordillère, les versants occidentaux de certaines chaînes élevées, en particulier les monts Selkirk et les Rocheuses, subissent d’assez fortes précipitations de pluie et de neige, tandis que les versants orientaux et le plateau central sont extrêmement arides.
Au sein de la Cordillère souffle le chinook (voir Fœhn), un vent d’ouest sec et chaud qui adoucit sensiblement les conditions hivernales sur les contreforts des Rocheuses et les plaines adjacentes, provoquant de brusques variations de température en l’espace d’une journée. Le blizzard est également caractéristique du climat canadien.
L’amplitude thermique peut être très élevée d’une province à l’autre : à Victoria (Colombie-Britannique), les températures varient entre 4 °C en janvier et 15 °C en juillet ; dans la Prairie, elles peuvent descendre jusqu’à - 17 °C et monter jusqu’à 40 °C à Saskatoon (Saskatchewan). Dans le Grand Nord, situé dans la zone subarctique, les hivers sont longs et rigoureux. Enfin, autour de la péninsule du Labrador, la mer est souvent prise par les glaces, constituant une banquise.
2.4 Végétation et faune
2.4.1 Végétation
Toundra en hiver Une toundra, formation végétale basse, parsemée de rares conifères, recouvre le nord de la province canadienne du Manitoba. L'hiver, la température peut descendre au-dessous de - 50 °C. Aux différentes aires climatiques correspondent des zones biogéographiques qui se succèdent du nord au sud. La flore de la partie septentrionale du Canada s’inscrit dans les zones arctique et subarctique. C’est le domaine de la toundra ou barren grounds. Le sol y est toujours gelé (pergélisol ou permafrost) ; les mousses, les lichens, les saxifrages et les potentilles sont les seules espèces végétales qui peuvent survivre. Plus au sud, une zone intermédiaire de tourbières, le muskeg, assure la transition avec la forêt boréale.
En effet, une bonne partie des Provinces maritimes est couverte par des forêts boréales alliant espèces à bois dur et espèces à bois tendre, épinettes blanches et noires, sapins, mélèzes, pins, thuyas, trembles, bouleaux et peupliers. Du Manitoba à la Nouvelle-Écosse, une forêt tempérée s’est développée : la forêt Laurentienne (s’étendant des Laurentides jusqu’au Québec), composée d’érables (l’emblème du pays) de hêtres, de bouleaux, de pruches et de sapins. Les arbres à feuilles caduques dominent entièrement les érablières laurentiennes. Plus au sud, dans l’Ontario, on rencontre des espèces méridionales : châtaigniers, noyers, tulipiers. La Prairie canadienne, qui était à l’origine une vaste steppe, est couverte d’herbages.
Les versants secs et les vallées des Rocheuses sont couverts de forêts clairsemées — de pins principalement —, mais celles-ci gagnent en densité et en hauteur vers les régions plus arrosées de l’ouest. Sur les chaînes côtières, en particulier sur leurs versants occidentaux, poussent de denses forêts d’arbres à feuilles persistantes. Les principales espèces y sont l’épicéa, le tsuga (ou hemlock), le sapin de Douglas, le sapin baumier, le pin de Banks (ou d’Hudson), le pin vrillé, le cèdre et le thuya.
2.4.2 Faune
La faune canadienne est très semblable à celle des pays du nord de l’Europe et de l’Asie. Parmi les carnivores sont représentées plusieurs espèces de mustélidés, telles que l’hermine, la zibeline, la martre et le vison. Les autres carnivores vivant au Canada sont l’ours noir (ou baribal), le grizzly, le lynx, le loup, le coyote, le renard et la moufette. L’ours polaire habite les zones arctiques ; le puma se trouve en Colombie-Britannique. Le castor est le plus caractéristique des rongeurs canadiens. Le porc-épic, le rat musqué et nombre de petits rongeurs sont fréquents, ainsi que le lièvre.
Plusieurs cervidés vivent dans le sud du Canada et dans certaines parties de la région des Plaines, principalement le cerf d’Amérique du Nord (ou wapiti), le caribou des forêts et l’orignal (ou élan du Canada). On trouve le bœuf musqué dans les régions septentrionales arctiques. L’élan et le bison peuplent diverses contrées de l’ouest. Les montagnes de Colombie-Britannique sont peuplées de mouflons et de chèvres des Rocheuses. Les oiseaux sont nombreux et variés et les poissons abondent dans les eaux intérieures et le long des côtes. Les reptiles sont rares, sauf dans l’extrême sud, de même que les insectes (à l’exception des moustiques, que l’on trouve en grand nombre dans la partie continentale des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut, durant la brève saison d’été).
2.5 Ressources et contraintes du milieu naturel
Le Canada est richement doté en ressources naturelles, mais le froid et l’immensité des distances ralentissent leur exploitation. Le relief montagneux (dans les Appalaches et dans les Rocheuses) rend le peuplement difficile, et cette inégale répartition de l’habitat demeure une contrainte pour le pays.
Les terres fertiles occupent d’importantes superficies dans la Prairie canadienne (Alberta, Manitoba, Saskatchewan), ainsi que dans la région des Grands Lacs et des Basses Terres de la vallée du Saint-Laurent, dans le sud du Québec et de l’Ontario. Cette dernière région, qui couvre moins de 2 p. 100 du territoire canadien est la plus riche.
Les forêts occupent la moitié de la surface terrestre du pays ; elles représentent une des bases de l’économie. La pêche bénéficie de l’abondance et de la richesse des eaux maritimes et intérieures. Le Bouclier canadien regorge de minerais ; le pays est également riche en réserves de pétrole brut et de gaz naturel. Avec ses systèmes hydrographiques et sa topographie montagneuse, le Canada trouve dans l’hydroélectricité une ressource énergétique naturelle inépuisable. |
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