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5.13  La Seconde Guerre mondiale

5.13.1  La mobilisation

Le début de la Seconde Guerre mondiale entraîne une transformation de l’économie vers une économie de guerre. Bien que le Canada a poursuivi une politique isolationniste dans les années trente, le pays rejoint l’alliance contre les puissances de l’Axe une semaine après l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne, en 1939.

Dans un premier temps, le gouvernement concentre ses efforts sur une contribution économique en denrées alimentaires, matières premières et autres marchandises, évitant ainsi la conscription, à laquelle les Canadiens francophones s’opposent. Après l’invasion de la France par les Allemands en 1940, la population doit cependant accepter la réalité d’un engagement total dans la guerre. En 1942, par un référendum, elle adopte le principe de l’établissement de la conscription. À nouveau, l’effort de guerre est impressionnant : près de 1,5 million d’hommes et de femmes servent dans l’armée ; l’industrie et l’agriculture se mobilisent également pour soutenir cet effort.

5.13.2  Les réformes

Pendant le conflit, le gouvernement canadien s’attelle à la préparation d’un projet à l’image du plan Beveridge britannique, dans le but de garantir le bien-être de la population, une fois la paix revenue. Un des éléments clés de ce projet est un programme de protection sociale visant à établir un niveau de vie minimal et introduisant une assurance chômage (1940), des allocations familiales (1944), un programme d’indemnités de guerre, une amélioration des pensions de retraite, des aides au logement et divers plans en matière de santé. L’autre élément clé est un programme économique destiné à promouvoir le plein emploi avec une inflation minimale. Sur la scène internationale, le Canada joue dorénavant un rôle important et, en 1947, la citoyenneté canadienne est reconnue à ses habitants.

Après avoir servi vingt-deux ans comme Premier ministre, Mackenzie King se retire en 1948, laissant la place au Québécois Louis Stephen Saint-Laurent, du Parti libéral. En 1949, Terre-Neuve, Labrador compris, devient la dixième province canadienne. Ainsi se trouve achevée la construction de la fédération.

5.14  L’après-guerre

5.14.1  La prospérité économique

Les libéraux bénéficient de la croissance économique de l’après-guerre. De nouveaux gisements de pétrole en Alberta, de fer dans la péninsule d’Ungava (dans le nord du Québec) et au Labrador sont découverts à la fin des années quarante. Au cours de la décennie suivante, des ressources d’uranium sont exploitées dans le nord de l’Ontario et de nombreuses centrales hydroélectriques sont construites. L’industrie de transformation se développe et se diversifie.

En outre, le gouvernement encourage la modernisation des réseaux de transport. La construction de la Transcanadienne débute en 1949, avec un cofinancement fédéral et provincial. Trans-Canada Airways, une entreprise de la Couronne fondée en 1938, se développe également. En 1956, la Trans-Canada Pipeline, une société privée, reçoit l’autorisation de transporter du pétrole et du gaz de l’Alberta vers les marchés canadien et américain. La construction de la voie maritime du Saint-Laurent, à partir de 1954, permet d’améliorer le transport fluvial et maritime.

Cette croissance économique est stimulée par l’arrivée de 1,5 million d’immigrants qui constituent à la fois une main-d’œuvre peu coûteuse et un nouveau marché de consommation : le PNB canadien progresse. En 1956, les deux plus grands syndicats, le Canadian Congress of Labour et le Trades and Labour Congress, fusionnent pour former le Canadian Labour Congress, qui devient une force importante dans la vie sociale et économique. Cependant, cette expansion repose sur d’importants investissements américains dans les ressources naturelles du Canada et sur la prise de contrôle de nombreuses industries canadiennes par les États-Unis.

5.14.2  Une nouvelle orientation de la politique étrangère

Depuis que le Canada a obtenu que le gouverneur général soit de nationalité canadienne, à mesure que les liens avec le Royaume-Uni se distendent, le pays entre progressivement dans l’orbite politique des États-Unis.

Dès 1940, Mackenzie King et le président américain Franklin D. Roosevelt signent l’accord d’Ogdensburg, prévoyant une planification commune permanente de la défense de l’Amérique du Nord. Après la guerre, la politique étrangère du Canada est étroitement liée à la volonté américaine de contenir l’expansion du communisme. En 1949, le Canada approuve l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), garantissant la défense de l’Europe sous la conduite des États-Unis. De plus, le pays fournit des troupes aux forces des Nations unies (en grande partie américaines), déployées lors de la guerre de Corée (1950-1953).

En 1956, au moment de l’occupation du canal de Suez par les Britanniques et les Français, le Canada propose, avec l’approbation des États-Unis, l’intervention d’une force d’urgence des Nations unies afin de préserver une nouvelle trêve au Proche-Orient. Cette action contribue à forger l’indépendance du Canada par rapport à la Grande-Bretagne, car elle ne répond pas à la politique menée par cette dernière au Proche-Orient. Le Canada négocie également le NORAD (North American Air [ aujourd’hui Aerospace ] Defense Command, 1958), confirmant sa participation à la défense nord-américaine.

5.15  Les évolutions de la société dans les années cinquante et soixante

5.15.1  Le gouvernement de Diefenbaker

À partir de la fin des années cinquante, une série de problèmes épineux viennent menacer l’existence même du Canada. En effet, la prospérité et le libéralisme ont miné les fondements traditionnels de la nation, tels que les liens avec la Grande-Bretagne, le fédéralisme décentralisé, le compromis entre Canadiens francophones et anglophones, ainsi que le conservatisme social.

En 1957, le progressiste conservateur John George Diefenbaker est élu et met fin au gouvernement libéral d’Ottawa. L’année suivante, son gouvernement obtient une large majorité parlementaire. Le nouveau Premier ministre doit faire face à une situation économique difficile qui le pousse à dévaluer le dollar canadien.

Une montée de la contestation sociale, notamment chez les jeunes, défie l’autorité établie au cours des années soixante. L’ancienne Cooperative Commonwealth Federation (CCF), mouvement socialiste, refait surface en 1961, alors que le New Democratic Party (NDP) protravailliste milite pour l’établissement d’une démocratie sociale au Canada. Une vague d’anti-américanisme pousse de nombreux artistes et intellectuels du Canada anglophone à dénoncer tous les signes de la puissance économique et culturelle des États-Unis.

Le problème le plus complexe est la renaissance du nationalisme chez les Canadiens francophones. En effet, à partir de 1960, un nouveau gouvernement libéral élu au Québec, dirigé par Jean Lesage, promeut une « révolution tranquille », dont l’objectif est de moderniser les institutions, de réclamer l’autonomie et de renforcer la présence des Canadiens francophones dans la vie économique.

Sur le plan intérieur, diverses réformes visent à améliorer les aides sociales ainsi que la situation de l’agriculture. En 1962, est votée une loi garantissant aux Canadiens leurs libertés individuelles et collectives.

5.15.2  L’administration de Pearson

Diefenbaker est battu aux élections fédérales de 1963 par une formation libérale revitalisée, sous la conduite de Lester Bowles Pearson, qui a obtenu le prix Nobel de la paix, en 1957, pour son action en faveur de la constitution d’organisations internationales de défense et de paix, ainsi que pour son rôle dans le règlement de la crise de Suez.

Le gouvernement minoritaire de Pearson unifie les forces armées sous un même commandement et pose les fondements d’une assurance maladie accessible à tous, qui entrera en vigueur à partir de 1969. Sur le plan économique, les relations avec les États-Unis se développent, en particulier avec l’instauration du pacte de l’automobile, en 1965.

Concernant la question québécoise, le Premier ministre nomme une commission d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, la commission Laurendeau-Dunton. Le gouvernement applique également un « fédéralisme coopérateur » donnant davantage la parole au Québec et aux autres provinces dans les affaires nationales. Malgré tout, certains nationalistes se tournent vers de nouvelles organisations séparatistes, en particulier vers le Parti québécois (PQ) de René Lévesque, fondé en 1968.

Une réforme constitutionnelle est instituée en 1964, avec l’application de la « formule Fulton-Faureau » ; ainsi le pouvoir exclusif de modifier la Constitution du Canada revient entièrement aux autorités canadiennes. En outre, c’est à cette date que le pays se dote de son drapeau actuel (avec une feuille d’érable), signe de son autonomie.

5.16  L’ère Trudeau

5.16.1  Le programme de Pierre Trudeau
 
Aux élections de 1968, le programme et la personnalité de Pierre Elliott Trudeau, un Canadien d’origine québécoise et parfaitement bilingue, donnent aux libéraux un pouvoir majoritaire. Trudeau dirigera la politique nationale pendant quinze ans. Son gouvernement libéralise la politique d’immigration, attirant avec le temps davantage d’immigrants en provenance d’Asie, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. De plus, en partie pour relativiser l’importance que prend la question québécoise, il met en œuvre une politique multiculturelle. Il augmente sensiblement les aides aux personnes défavorisées, aux jeunes et aux plus âgés, afin de réaliser une démocratie sociale. Commandé sous le gouvernement Pearson, un rapport sur la condition féminine permet d’améliorer la législation à partir de 1970. La politique économique repose sur un contrôle des prix et le soutien du pouvoir d’achat.

Très attaché au maintien de l’unité canadienne, au fédéralisme et au bilinguisme, Trudeau fait adopter la loi sur les langues officielles (1969), mettant à égalité le français et l’anglais dans les organismes relevant du pouvoir central. Cependant, la situation se détériore dans la province québécoise, avec la radicalisation de certains mouvements séparatistes. En octobre 1970, Trudeau invoquera la loi martiale, après que le Front de libération du Québec (FLQ), une organisation séparatiste dont le Parti québécois condamne l’action, a enlevé le ministre Pierre Laporte (retrouvé mort) et James Richard Cross, un attaché commercial britannique.

Le début des années soixante-dix se caractérise par la crise du pétrole, qui est à l’origine d’une période de récession avec une augmentation du taux de chômage et du taux d’inflation. C’est dans ce contexte que la société d’État Pétro-Canada est créée en 1975, afin de contrôler l’exploitation et le commerce du pétrole canadien.

5.16.2  L’intermède de Joseph Clark

En 1976, la victoire du Parti québécois prend par surprise le gouvernement fédéral qui accepte mal la loi québécoise 101, votée au Parlement québécois en 1977, laquelle instaure le français comme langue officielle de la province, contredisant la politique de bilinguisme officielle. Les libéraux perdent les élections fédérales de mai 1979, au profit des progressistes conservateurs, dirigés par Joseph Clark, qui tente de mettre en place une politique d’austérité économique.

5.16.3  La Constitution de 1982

Pierre Elliott Trudeau et René Lévesque J. P. Laffont/Sygma 
 
Clark ne peut, cependant obtenir une majorité stable au Parlement, aussi Trudeau revient au pouvoir, en février 1980. En mai, le gouvernement fédéral triomphe lorsque, par référendum provincial, 59 p. 100 environ des électeurs du Québec rejettent la « souveraineté-association », proposée par René Lévesque, c’est-à-dire une souveraineté politique et une association économique.

Trudeau parvient également à obtenir l’accord des provinces anglophones sur le rapatriement de la Constitution, loi britannique depuis 1867. La nouvelle constitution est ratifiée en mars 1982. Même si cette démarche n’est pas approuvée par le Québec — elle contredit, selon lui, les promesses qui lui ont été faites, lors du référendum, par les autorités fédérales soucieuses d’obtenir un « Non » à la proposition souverainiste —, elle n’en demeure pas moins la consécration de l’indépendance totale du Canada. La nouvelle constitution contient aussi une nouvelle section, la Charte des droits et des libertés qui, fondée sur les droits individuels (par opposition aux droits collectifs) réduit unilatéralement les pouvoirs du Québec francophone en matière de politique linguistique.

Cependant, ces efforts de reconstitution du Canada rencontrent des difficultés croissantes. Outre l’opposition du Québec aux objectifs politiques du rapatriement, les gouvernements provinciaux, particulièrement dans l’ouest, supportent mal les ambitions centralisatrices d’Ottawa. Le monde des affaires critique amèrement la politique économique du gouvernement. Nombre de Canadiens anglophones sont opposés au bilinguisme et aux velléités d’indépendance québécoises. En outre, les dépenses du gouvernement occasionnent une série ininterrompue de déficits budgétaires, qui augmentent encore la dette nationale.

5.17  La politique conservatrice de Brian Mulroney

5.17.1  Les nouvelles orientations de la politique

Lorsque Trudeau se retire, en juin 1984, John Napier Turner lui succède à la tête du Parti libéral et devient Premier ministre. Puis, aux élections de septembre de la même année, les conservateurs, conduits par Brian Mulroney, l’emportent haut la main et s’orientent rapidement vers une politique très différente de celle de Trudeau.

Le gouvernement se lance dans une politique de réduction du déficit budgétaire, tente d’opérer des coupes dans les politiques sociales et culturelles, et favorise la libre-entreprise. Le changement de cap le plus radical se produit en 1988, lorsque Brian Mulroney et Ronald Reagan signent l’accord de libre-échange américano-canadien. Aux élections de 1988, Mulroney, avec le soutien des milieux financiers, réussit à l’emporter face aux adversaires du libre-échange. Cette politique a de lourdes conséquences liées à la surévaluation du dollar canadien, à la restructuration des entreprises, à une nouvelle taxe sur les biens et les services (1991) et à une grave récession, qui entraîne un déclin industriel et une perte massive d’emplois. En août 1992, le gouvernement canadien signe un autre accord avec les États-Unis et le Mexique pour la création d’une zone de libre-échange ; l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) est ratifié en 1993 et entre en vigueur le 1er janvier 1994.

5.17.2  Les particularismes provinciaux

Cependant, l’équilibre canadien demeure menacé. Pour corriger les effets négatifs sur le Québec du rapatriement de 1982, le gouvernement conservateur, qui a succédé aux libéraux en 1984, se lance dans un projet de réforme constitutionnelle. Lors d’une rencontre entre le Premier ministre fédéral Mulroney, originaire du Québec, tout comme Trudeau, et ses homologues provinciaux, au lac Meech (Québec), en 1987, une série d’amendements à la Constitution est approuvée, en vue de satisfaire à l’exigence québécoise de sa reconnaissance comme « société distincte » au sein de la fédération canadienne. Bien que Mulroney déploie de gros efforts en vue de convaincre les provinces, les Canadiens anglophones s’opposent à l’accord du lac Meech, particulièrement le Manitoba et Terre-Neuve, qui refusent de le ratifier en 1990. Cet échec déclenche un important mouvement de renouveau souverainiste au Québec et conduit à une nouvelle série de rencontres en 1991 et en 1992. Ces négociations aboutissent à la rédaction de l’accord de Charlottetown, un document préparatoire à une ample modification de la Constitution, prévoyant, entre autres dispositions, un droit à l’autonomie pour les Amérindiens, et, comme dans l’accord précédent du Lac Meech, une reconnaissance du Québec comme « société distincte », cette notion étant cependant assortie de dispositions qui en atténuent la portée. Bien que soutenu par la plupart des dirigeants politiques, par la presse et par le monde des affaires, cet accord est rejeté (y compris par les Québécois) à l’occasion d’un référendum pancanadien, en octobre 1992.

Un autre accord visant à créer un vaste territoire autogouverné pour les Inuits, dans les Territoires du Nord-Ouest, est approuvé par les Inuits en novembre 1992. Cette terre, appelée Nunavut, devrait être dotée d’un statut territorial à partir de 1999.

5.18  L’époque contemporaine

5.18.1  Les élections de 1993

Jean Chrétien Eddie Adams/Sygma 
 
En février 1993, alors que le Canada s’enlise dans la récession et la discorde, Mulroney annonce sa démission. Kim Campbell le remplace à la tête du parti en juin (elle sera ainsi la première femme Premier ministre du Canada). Quatre mois plus tard, cependant, Kim Campbell et son parti des progressistes conservateurs sont sévèrement battus aux élections d’octobre : les libéraux l’emportent ; le Bloc québécois de l’indépendantiste Lucien Bouchard arrive en deuxième position, constituant ainsi l’opposition officielle au sein du Parlement fédéral. Le chef du Parti libéral, Jean Chrétien, devient alors Premier ministre, le 5 novembre 1993.

Lucien Bouchard Dumas/Pomo Presse/Liaison Agency 
 
Au cours de ces élections, l’électorat québécois demeure divisé sur la question de la souveraineté du Québec, mais le Bloc québécois obtient la majorité des sièges.

5.18.2  La question de la souveraineté québécoise

Lors du scrutin législatif de septembre 1994 au Québec, le Parti québécois (PQ) de Jacques Parizeau obtient une majorité de sièges. Mais le vote populaire est plus serré : massivement appuyé par la population anglophone, le Parti libéral est crédité de 44,3 p. 100 du vote total contre 44,7 p. 100 pour le PQ qui obtient une très nette majorité chez les francophones. En effet, Jacques Parizeau s’est engagé à organiser un référendum sur l’accession du Québec à la souveraineté, projet qui inquiète la minorité de langue anglaise, malgré les garanties que lui offre le programme politique du PQ.

L’engagement est honoré. En vertu de l’avant-projet de loi qui inspire la question référendaire, un Québec souverain aura toute compétence pour voter des lois, lever des impôts, signer des traités. Mais sur les plans économique et politique, il s’agit bien d’une association avec le Canada : le dollar canadien reste la monnaie unique, et des institutions communes sont mises en place pour les questions de défense et de commerce international. Il s’agit donc davantage d’affirmer, dans le cadre d’un État, une identité culturelle propre, avec la langue française pour vecteur.

Initialement prévu au printemps 1995, le référendum sur la souveraineté du Québec a finalement lieu à l’automne 1995. Le « Non » l’emporte par une très faible marge qui frappe d’étonnement le gouvernement fédéral et le reste du Canada : 50,6 p. 100 de voix pour le « Non » contre 49,4 p. 100 pour le « Oui ». Les Québécois optent globalement pour le maintien de la province au sein de la fédération canadienne, mais l’analyse du vote est troublante : environ 60 p. 100 des francophones ont répondu « Oui », proportion sensiblement plus élevée que celle du référendum de 1980. Le résultat final de 50,6 p. 100 en faveur du « Non » est dû au soutien quasi unanime des anglophones et des allophones qui, ensemble, forment presque 20 p. 100 de la population du Québec.

Manifestation contre l'indépendance (Québec) Des Québécois manifestent contre le projet de souveraineté de la province. À la suite d'une campagne très agitée, le référendum sur la souveraineté du Québec se déroula le 30 octobre 1995. Le « non » l'emporta de justesse avec 50,6 p. 100 des suffrages en faveur du maintien du Québec au sein de la Confédération canadienne. C'est au sein de la communauté francophone que le « oui » remporta le plus de suffrages.
 
À la suite de ce référendum, Jacques Parizeau démissionne et Lucien Bouchard, chef du Bloc québécois, parti souverainiste œuvrant au niveau fédéral, lui succède. Conséquence immédiate du score référendaire : en décembre 1995, la Chambre des communes d’Ottawa adopte une résolution reconnaissant le « Québec » comme une « société distincte », initiative n’entraînant cependant pas d’effets concrets prévisibles.

La question de la souveraineté québécoise et les antagonismes régionaux dans le reste du Canada jouent un rôle déterminant dans le résultat des élections fédérales anticipées de juin 1997, qui ne donnent qu’une étroite majorité (155 sièges sur 301) au Parti libéral de Jean Chrétien. Parmi les partis d’opposition, le Bloc québécois, souverainiste, perd 10 sièges sur les 54 qu’il détient, tandis que le Parti réformiste, né en Alberta et opposé aux revendications québécoises ainsi qu’au bilinguisme institutionnel, obtient 60 sièges, ce qui lui vaut le statut d’opposition officielle, bien qu’en nombre de votes son appui demeure assez semblable à celui qu’il a obtenu au scrutin précédent. En août 1998, la Cour suprême déclare que si le Québec se prononce un jour par référendum pour l’indépendance, des négociations devront s’ouvrir entre la province et le gouvernement fédéral. En avril 1998, Lucien Charest quitte le Parti progressiste conservateur canadien pour diriger, à la place de Daniel Johnson, le Parti libéral du Québec. Il est considéré par les fédéralistes comme le candidat le plus susceptible de remporter une victoire sur le Parti québécois de Lucien Bouchard. Si ce dernier conserve la majorité (avec près de 43 p. 100 des voix et 75 sièges) à l’issue des élections de l’Assemblée nationale au Québec du 30 novembre 1998, le bon score obtenu par les fédéralistes (48 sièges) limite sa marge de manœuvre dans son action visant à l’indépendance du Québec. Le 24 mars 1999, le Canada s’engage, aux côtés de treize des dix-neuf membres de l’Alliance atlantique, dont les États-Unis et la France, dans l’opération militaire « Force alliée » menée au Kosovo contre la Yougoslavie. Le 1er avril 1999, le Canada redéfinit, pour la première fois depuis cinquante ans, ses frontières intérieures et crée un troisième Territoire, le Nunavut (né d’une subdivision des Territoires du Nord-Ouest), accordant ainsi aux Inuit l’autonomie administrative qu’ils revendiquent depuis longtemps. Le 27 novembre 2000, le Parti libéral (PLC) de Jean Chrétien remporte une large majorité aux élections générales. Avec 41 p. 100 des voix, il gagne 12 sièges supplémentaires, totalisant désormais 173 des 301 sièges de la Chambre des communes. Jean Chrétien est reconduit majoritairement pour une troisième fois consécutive, à l’issue d’élections anticipées qu’il a lui-même provoquées.

En janvier 2001, le Premier ministre québécois, Lucien Bouchard, démissionne et abandonne la politique. Invoquant des raisons personnelles, il met surtout en avant son incapacité à engager le Québec de manière décisive sur la voie de la souveraineté. Considérant qu’il n’a pas « réussi à raviver la flamme », il préfère se retirer. Sa démission, accueillie avec consternation par les partisans de l’indépendance du Québec et avec soulagement par les fédéralistes, fait l’effet d’un électrochoc dans le pays.

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