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 Histoire Fin

5.6.3  Les prémices de la République

Pékin, vers 1900 Scène de rue montrant les difficiles conditions de vie auxquelles étaient confrontés beaucoup de Chinois à la fin de la dynastie Qing (1644-1911). L'énorme fossé économique entre les classes aisées et les plus pauvres fut d'ailleurs l'une des premières causes de la révolution de 1912.
 
La mort de l’impératrice Cixi en 1908 accélère la chute de la dynastie Qing. Peu après la guerre sino-japonaise (1894-1895), un médecin éduqué à l’occidentale, Sun Yat-sen, lance le Tongmenghui (« société de la conjuration »), mouvement destiné à établir un gouvernement républicain. Dans la première décennie du XXe siècle, les révolutionnaires forment une vaste coalition réunissant les étudiants et les commerçants d’outre-mer, ainsi que les Chinois de l’intérieur mécontents du régime. Au milieu de l’année 1911, des soulèvements se produisent, en protestation contre un programme de nationalisation des chemins de fer. En octobre, la révolte éclate à Hankou, en Chine centrale. Elle s’étend rapidement à d’autres provinces et Sun Yat-sen prend le pouvoir. Les armées mandchoues, réorganisées par le général Yuan Shikai, sont alors nettement supérieures aux forces rebelles. Mais, négligeant le combat, Yuan préfère négocier avec les rebelles le poste de président du nouveau gouvernement républicain. Le 12 février 1912, Sun Yat-sen démissionne en faveur de Yuan, et les Mandchous se retirent. Le 14 février, une assemblée révolutionnaire réunie à Nankin élit Yuan Shikai premier président de la république de Chine. La même année, Puyi, dernier empereur de Chine, abdique à l’âge de six ans.

5.7  La république de Chine (1912-1949)

Une Constitution est adoptée et un Parlement convoqué en 1912. Mais Yuan Shikai ne laisse jamais ces institutions entraver sa mainmise sur le pouvoir et établit une dictature (1912-1916). Lorsque le Guomindang, parti nationaliste fondé en 1911 par Sun Yat-sen, tente de limiter ses pouvoirs, d’abord par des tactiques parlementaires, puis par la révolution manquée de 1913, Yuan réagit. Il impose la dissolution du Parlement, interdit le Guomindang et utilise son influence personnelle auprès des chefs militaires provinciaux pour gouverner. Sun Yat-sen se réfugie au Japon. L’opposition populaire contraint néanmoins Yuan Shikai à abandonner ses ambitions de restaurer l’Empire et de devenir empereur. À sa mort en 1916, plusieurs gouverneurs proclament l’indépendance de leur province. Pendant plus de dix ans, le pouvoir politique passe aux mains de ces seigneurs de la guerre (dujun), qui règnent localement. Le gouvernement central conserve une existence précaire et parfois fictive jusqu’en 1927.

5.7.1  La « trahison » de Wilson

Pendant la Première Guerre mondiale, le Japon tente d’établir sa suprématie coloniale. En 1915, il présente à la Chine les « 21 demandes » visant à faire de celle-ci un véritable protectorat japonais. Pékin en accepte certaines, comme le transfert des possessions allemandes du Shandong au Japon. En entrant en guerre aux côtés des Alliés en 1917, la Chine pense obtenir un siège à la table des négociations de paix, et freiner ainsi les ambitions japonaises. Elle espère également que les États-Unis, conformément à la politique de la Porte ouverte, lui offriront leur soutien. Mais aux pourparlers de Versailles, le président Thomas Woodrow Wilson se désolidarise de la Chine et les anciennes possessions allemandes reviennent finalement au Japon.

Or, depuis dix ans, les jeunes et les intellectuels chinois sont de plus en plus nombreux à chercher en Occident des modèles et des idéaux pour réformer la Chine. Ils sont, par conséquent, choqués par ce qu’ils jugent comme une trahison de Wilson. Lorsque la nouvelle atteint le pays, un vaste mouvement de protestation antijaponais éclate, le 4 mai 1919, à l’université de Pékin et se propage dans tout le pays.

5.7.2  Le Guomindang et la montée du Parti communiste

Mao Zedong Dès 1935, Mao Zedong dirigea le Parti communiste chinois (PCC) avant de fonder en 1949 à Pékin, la République populaire chinoise. Contrairement à l'orthodoxie marxiste, sa doctrine privilégia le rôle révolutionnaire de la paysannerie. Ses initiatives politiques comme le Grand Bond en avant (1958) ou la Révolution culturelle (1965) furent des échecs sur les plans économique et humain. 
 
Dans la période d’observation qui suit, deux objectifs apparaissent clairement : débarrasser la Chine de l’impérialisme occidental et rétablir l’unité nationale. Déçus par l’égoïsme cynique des Occidentaux, les Chinois se tournent de plus en plus vers l’Union soviétique et le marxisme-léninisme. Le Parti communiste chinois est créé à Shanghai en 1921. Parmi ses fondateurs figure Mao Zedong. En 1923, Sun Yat-sen recourt à l’aide soviétique pour réorganiser le Guomindang désagrégé et militairement faible, et accepte, en échange, d’y admettre les communistes chinois.

Les « Trois Principes du Peuple » (nationalisme, démocratie et socialisme), qui constituent l’idéologie du Guomindang, sont fortement empreints d’anti-impérialisme et du désir d’unification nationale. Malgré la mort de Sun Yat-sen en 1925, le Guomindang régénéré, sous le commandement du jeune général Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek), lance une expédition militaire depuis sa base de Canton (expéditions du Nord-Beifa) en 1926 et reconquiert une partie de la Chine. Jiang Jieshi cherche alors à réunifier la Chine sous la souveraineté du Guomindang et à se débarrasser des impérialistes et des Seigneurs de la guerre. En 1927, il procède, au sein du Guomindang, à une purge sanglante des communistes. Le 12 avril, il écrase l’insurrection prolétarienne de Shanghai. Il s’appuie dès lors sur la classe des propriétaires fonciers et sur les puissances impérialistes.

5.7.2.1  Les difficultés de Jiang Jieshi

Le nouveau gouvernement nationaliste établi à Nankin en 1928 se trouve confronté à trois problèmes difficiles. Le premier est la portée encore limitée de l’unification : seules cinq provinces se trouvent réellement sous son autorité, les autres demeurant aux mains de Seigneurs de la guerre locaux. Le deuxième concerne la rébellion communiste. Les communistes chassés du Guomindang se séparent en deux factions clandestines. La première tente de fomenter des soulèvements urbains, la seconde, dirigée par Mao Zedong, se replie dans une région reculée du centre de la Chine, où elle mobilise et forme une armée paysanne, et crée plusieurs soviets. Le troisième problème, enfin, est l’agression japonaise en Mandchourie et en Chine du Nord.

5.7.2.2  L’expansionnisme japonais

Au cours des années vingt, le Japon a adopté une politique plus modérée à l’égard de la Chine. À la conférence de Washington en 1922, il a même accepté de lui restituer les anciennes possessions allemandes du Shandong. Mais, à partir de 1928, le Guomindang se heurte aux intérêts japonais concernant le contrôle du chemin de fer sud-mandchou par le Japon. Le 18 septembre 1931, celui-ci prétexte un prétendu bombardement du chemin de fer par les nationalistes chinois pour étendre son contrôle militaire sur toute la Mandchourie. Au printemps suivant, le Japon réunit les trois provinces de Mandchourie en un nouvel État, le Mandchoukouo, puis place à sa tête Puyi, le dernier empereur de la dynastie mandchoue. Au début de l’année 1933, l’est de la Mongolie-Intérieure est intégré au Mandchoukouo. Quelques mois plus tard, le Japon oblige la Chine à signer un accord de démilitarisation du nord-est du Hebei.

5.7.2.3  L’incident de Xi’an

Dans les années trente, la politique de Jiang Jieshi consiste à négocier avec les Seigneurs de la guerre, à temporiser avec les Japonais, et à concentrer ses efforts sur la lutte contre les communistes. Écrasé dans les villes ouvrières, le mouvement communiste ne subsiste plus que clandestinement. Mao Zedong innove, en déplaçant l’action du Parti vers les campagnes. Paradoxalement, la révolution chinoise est le fait de paysans et non d’ouvriers. De 1927 à 1934, Mao crée des bases en Chine du Sud et en Chine centrale. Il rallie à lui des Seigneurs de la guerre comme Zhu De et des officiers communistes de l’armée régulière, tels que Liu Shaoqi. En 1934, les armées du Guomindang réussissent à asphyxier les soviets paysans. Les quelque 100 000 rescapés doivent quitter leur base, établie au Jiangxi, et se frayer un chemin à travers la Chine, d’abord vers l’ouest, puis vers le nord. C’est la Longue Marche (octobre 1934-octobre 1936). En 1936, après deux ans de combats et de progression épuisante, seulement 8 000 survivants parviennent à rallier la ville de Yanan (Shaanxi), où ils établissent leur quartier général. Cette retraite forcée, qui sonne comme une victoire morale, va s’avérer préjudiciable au Guomindang.

Par ailleurs, à mesure que l’agression japonaise s’intensifie, la pression populaire se fait de plus en plus forte pour que les dirigeants chinois unissent leurs efforts contre le Japon. Mais Jiang Jieshi refuse toute alliance. En décembre 1936, l’un de ses généraux, Zhang Xueliang, mécontent de son attentisme vis-à-vis du Japon, organise son enlèvement à Xi'an. L’intervention du communiste Zhou Enlai permet d’arriver à un compromis. Libéré, Jiang Jieshi accepte, en 1937, de former un front national uni, Guomindang-Parti communiste, contre le Japon. En juillet 1937, l’armée japonaise attaque la Chine.

5.7.3  La Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale débute en Chine dès 1937, avec l’agression nippone. En 1938, l’armée chinoise tente, en vain, de ralentir la progression des troupes japonaises en dynamitant les digues du Huang he. L’immense inondation qui s’ensuit fait 12 millions de sans-abri. Le pays éclate en plusieurs entités.

Deux années après le début des hostilités, l’armée japonaise occupe les grands ports du pays, les centres industriels et les plaines fertiles du Nord et se livre à de nombreuses exactions (sac de Nankin en 1938). L’activité économique est réorientée et développée en fonction des intérêts des occupants. Le gouvernement nationaliste se réfugie dans le Sud-Ouest, à Chongqing (Sichuan), tandis qu’au nord l’Armée populaire communiste tient solidement la base du Shaanxi et harcèle les arrières des Japonais.

Malgré la présence aux côtés de Jiang Jieshi du général Stilwell, brillant chef d’état-major américain, la résistance antijaponaise est davantage l’œuvre du Parti communiste que celle du Guomindang. Les heurts entre troupes communistes et nationalistes ne cessent jamais vraiment. Le refus de Jiang Jieshi de coordonner ses actions avec celles des guérillas communistes amène Stilwell à démissionner, aussi le Guomindang perd progressivement le soutien d’une population croissante, exaspérée par la misère, par la guerre, par l’inflation, par une corruption généralisée et par l’incompétence de l’administration.

Réduit à quelques milliers de fidèles en 1935, le mouvement communiste profite de la guerre pour renforcer son audience. Il n’a de cesse de se déployer depuis sa base de Yanan et de s’infiltrer dans la plupart des zones rurales. En 1945, il contrôle dix-neuf zones libérées regroupant cent millions d’habitants. Mao Zedong et ses partisans appliquent une politique d’« union nationale » destinée à rallier les paysans riches, les propriétaires fonciers et les notables ruraux refusant de collaborer avec le Japon. C’est également au cours de cette période que se développe réellement l’idéologie maoïste.

5.7.4  La lutte pour le pouvoir entre le Guomindang et le Parti communiste

Le Guomindang sort de la Seconde Guerre mondiale discrédité. Jamais il ne cherche à s’attaquer au régime foncier, source de la misère paysanne, ni à la corruption généralisée de l’administration. Militairement, les généraux nationalistes, peu compétents, consacrent l’essentiel de leur énergie à contrer la progression de l’Armée populaire, plutôt qu’à combattre les Japonais. À l’inverse, les succès de la guérilla communiste permettent au parti de Mao Zedong d’apparaître comme le défenseur de la nation chinoise au moment de la capitulation du Japon, en août 1945. La lutte armée entre les deux partis s’accentue au lendemain du conflit mondial et dégénère rapidement en guerre civile. Une trêve est signée en 1946 grâce à la médiation du général George C. Marshall. Mais les combats reprennent malgré les efforts de ce dernier pour tenter de réconcilier les deux adversaires.

En août 1946, les États-Unis suspendent leur aide militaire au gouvernement nationaliste, mais cette mesure ne met pas pour autant fin aux hostilités. Marshall quitte la Chine au mois de janvier 1947. En mai, l’aide américaine reprend, mais les forces du Guomindang s’effondrent, malgré le matériel et les conseillers fournis par les Américains. En 1948, Lin Biao s’empare de la Mandchourie. En moins de six mois, l’Armée populaire reconquiert l’ensemble du territoire. Le 8 décembre 1949, le gouvernement du Guomindang se réfugie sur l’île de Taïwan, entraînant dans sa fuite deux millions de réfugiés.

5.8  La République populaire de Chine (depuis 1949)

La République populaire de Chine est proclamée le 1er octobre 1949 à Pékin. Le nouveau régime communiste adopte le modèle de développement soviétique. Afin d’étendre la révolution et de généraliser son pouvoir, le Parti communiste chinois (PCC) entreprend, entre 1949 et 1952, plusieurs grandes campagnes de réformes et de propagande.

5.8.1  Les premières réformes

En 1950, la réforme agraire libère la petite paysannerie de la tutelle économique et financière des grands propriétaires. Elle est souvent violente et aboutit parfois à des procès et à des exécutions sommaires. La loi sur le mariage, en autorisant le divorce, met fin à l’oppression traditionnelle des femmes. D’autres campagnes sont organisées comme celle des « trois anti » qui épure le Parti de ses éléments corrompus et celle des « cinq anti », en 1953, qui s’attaque à la bourgeoisie d’affaires. Chacune de ces mesures permet au Parti communiste de gagner de nouveaux adhérents.

5.8.1.1  Politique économique

L’économie chinoise évolue rapidement. L’inflation disparaît, le réseau des communications est remis en état, les productions agricole et industrielle redémarrent. Cependant, la Chine est encore bien loin de la prospérité et de l’autosuffisance alimentaire. Le premier plan quinquennal, lancé en 1953, privilégie l’industrie lourde aux dépens des productions de biens de consommation ; l’aide et l’assistance technique soviétiques contribuent largement à sa réussite. En 1955, contre l’avis de tous, Mao Zedong décide la collectivisation de l’agriculture. En mai 1956, les dirigeants du Parti, conscients de l’impossibilité d’obtenir une loyauté sans partage des intellectuels, lancent une campagne encourageant les Chinois à « laisser cent fleurs s’épanouir, laisser cent écoles rivaliser ». Les Chinois instruits sont invités à formuler tous leurs mécontentements de manière à identifier et à résoudre les problèmes. Au début de l’année 1957, Mao lui-même élargit le thème en appelant à critiquer librement la politique du gouvernement. Les communistes sont persuadés que ces critiques ne sortiront pas du cadre fixé par le Parti. Mais la mise en cause du PCC décide les dirigeants à interrompre l’expérience, et entraîne une répression brutale. Harry Wu, l’un des principaux dissidents, est condamné à passer dix-neuf ans en camp de détention (1960-1979).

5.8.1.2  Politique étrangère

La Chine et l’URSS signent un traité d’amitié et d’alliance en 1950, complété par de nouveaux accords en 1952 et en 1954. Son engagement dans le clan socialiste amène la Chine à intervenir directement ou indirectement dans les conflits de la guerre froide. Au cours de la guerre de Corée, les volontaires chinois commandés par Lin Biao s’engagent aux côtés de la Corée du Nord et de son dirigeant, Kim Il Song. Beaucoup plus discret et plus important est le soutien apporté aux communistes vietnamiens lors de la guerre d’Indochine. Le Viêt-minh bénéficie, à partir de 1950, des stocks d’armes américaines et soviétiques de l’Armée populaire. Les zones frontalières chinoises lui servent de refuge, ce qui rend impossible une solution militaire au conflit indochinois. Cette aide militaire chinoise est doublée d’un appui diplomatique sans faille et Zhou Enlai pèse lourdement sur la négociation des accords de Genève, qui mettent fin aux hostilités en 1954. De même, en avril 1955, à la conférence afro-asiatique de Bandung, la Chine se pose en artisan de la lutte anticoloniale et du non-alignement.

En même temps, la Chine, qui entend récupérer ce qu’elle considère être historiquement son territoire, développe son projet de « Grande Chine ». L’occupation du Tibet, en 1950, par les troupes chinoises, ne suscite que des protestations de pure forme de la part de la communauté internationale. En août 1954, Zhou Enlai déclare officiellement que la libération de Taïwan est l’un de ses principaux objectifs. De son côté, Jiang Jieshi, refusant également le statu quo, affirme régulièrement son intention de reconquérir le continent. Les combats entre nationalistes et communistes reprennent sur l’île de Quemoy (Jinmen), aux mains des nationalistes, puis au large de la côte chinoise. À partir de 1958, cependant, le cessez-le-feu est généralement observé de chaque côté du détroit.

5.8.2  Le Grand Bond en avant (1958-1962)

Les bons résultats du premier plan quinquennal encouragent Mao, en 1958, à développer un nouveau programme économique, social et politique, connu sous le nom de Grand Bond en avant. Préconisant un développement du collectif dans tous les domaines de la vie quotidienne, ce projet utopique marque une rupture idéologique avec le modèle soviétique. Des contrôles plus rigides sont imposés pour accroître la production agricole, réduire la consommation et accélérer l’industrialisation. La Chine doit rattraper son retard par tous les moyens et une mobilisation effrénée des travailleurs donne, dans un premier temps, des résultats positifs. Puis la production industrielle commence à chuter (- 50 p. 100 entre 1959 et 1962), des récoltes médiocres font affluer près de 15 millions de ruraux dans les villes, entraînant une grave famine (1959-1961) qui cause la mort de 13 à 30 millions de Chinois. En 1959, Liu Shaoqi devient le chef de l’État, Mao ne gardant que la présidence du Parti communiste chinois.

5.8.3  Une nouvelle fermeture

La situation empire en 1960 lorsque l’URSS met brutalement fin à son aide économique et à son assistance technique. Les divergences idéologiques, qui datent des années vingt, s’aggravent en 1956 quand, seule avec l’Albanie, la Chine refuse de condamner le stalinisme. De plus, celle-ci est perçue comme une menace pour l’hégémonie soviétique sur le mouvement communiste international. L’échec du Grand Bond en avant, le refus des Soviétiques d’aider les Chinois dans le domaine de la recherche nucléaire enveniment les rapports entre les deux pays. La crise éclate en 1962, quand la Chine fustige l’Union soviétique pour avoir retiré ses missiles de Cuba sous la pression des États-Unis, accusant Nikita Khrouchtchev de révisionnisme et de trahison des idéaux marxistes-léninistes.

5.8.4  La Grande Révolution culturelle prolétarienne

5.8.4.1  Le stratagème

Gardes rouges (Chine) De jeunes communistes appartenant aux Gardes rouges lisent à l'unisson les préceptes du président du Parti communiste chinois, Mao Zedong, dans le Petit Livre rouge pendant la Grande Révolution culturelle prolétarienne de 1966-1969.
 
Le bilan catastrophique du Grand Bond en avant a affaibli Mao Zedong, critiqué par de nombreux dirigeants, et mis en avant Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, qui s’attachent à redresser le pays. De 1962 à 1965, une lutte sourde oppose, au sein du régime, les modérés aux extrémistes. Mao et ses partisans organisent la Grande Révolution culturelle, destinée à raviver l’esprit révolutionnaire, afin de récupérer le pouvoir qui leur échappe. Celle-ci commence à l’automne 1965 par une critique des milieux intellectuels et universitaires dans les organes de presse. Le 25 mai 1966, dans un dazibao (affiche révolutionnaire), Nie Yuanzi, une enseignante en philosophie à l’université de Pékin, attaque avec une violence inouïe le recteur dont elle dépend. Le 5 août, Mao écrit un article dont le slogan « Bombardez le quartier général » va faire le tour de la Chine. À la mi-juillet naissent à Pékin, sous la direction de Lin Biao, les premières organisations de Gardes rouges rassemblant de jeunes Chinois âgés de quinze à vingt ans, qui, à l’appel de Mao, se livrent à des manifestations de masse. Plus de 13 millions de jeunes — lycéens, étudiants, jeunes ouvriers venus de tout le pays — défilent sur la place Tian'anmen, à Pékin, à partir du 18 août 1966.

5.8.4.2  Les effets et les conséquences

Le mouvement est ensuite savamment entretenu par Mao, dont les pensées sont résumées dans le « Petit Livre rouge », publié en octobre 1966. Il s’appuie à la fois sur l’Armée populaire de libération (APL), sur les Gardes rouges et sur de grandes figures du communisme chinois comme Zhou Enlai, Lin Biao ou Jiang Qing, la propre femme de Mao et l’un des membres les plus actifs de la Bande des Quatre. La révolution culturelle attaque surtout les intellectuels, les artistes, les universitaires, les cadres du Parti et les anciens bourgeois. Puis, avec l’aval de Mao, elle s’étend au monde du travail. Battus parfois à mort, humiliés publiquement, de nombreux dirigeants, y compris le chef de l’État, Liu Shaoqi, sont destitués et exclus du Parti. Certains se suicident ; d’autres, comme Liu Shaoqi, décèdent des suites de leurs mauvais traitements. Les écoles sont fermées et l’économie complètement désorganisée. C’est dans ce climat chaotique que le général de Gaulle, en 1966, renoue des relations diplomatiques avec Pékin, bientôt imité par d’autres chefs d’État.

Entre 1967 et 1968, des combats sanglants opposent maoïstes et antimaoïstes, ainsi que les diverses factions des Gardes rouges. Plusieurs milliers de Chinois périssent au cours de ces affrontements. On se bat au canon dans les rues de Canton, tandis que les convois d’armes pour le Viêt Nam sont pillés. Les dirigeants se retrouvent rapidement débordés par les Gardes rouges. En dernier recours, l’armée, sous la conduite de Lin Biao, se pose en arbitre. Les Gardes rouges sont désarmés, renvoyés dans leurs écoles ou expédiés dans des régions reculées pour y travailler.

La Révolution culturelle a un effet négatif sur les relations étrangères. Les Gardes rouges sont à l’origine d’émeutes violentes à Hong Kong. La propagande en leur faveur et l’agitation de certains Chinois d’outre-mer enveniment les rapports de la Chine avec de nombreux États, notamment l’URSS. Un essai réussi de bombe H chinoise en 1967 aggrave encore l’inquiétude des Soviétiques. La tension entre les deux pays s’accroît lorsque les Chinois accusent les dirigeants de Moscou d’impérialisme après l’intervention du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie (1968). En 1969, des incidents frontaliers opposent des gardes-frontières soviétiques et chinois sur les rives de l’Oussouri, en Mandchourie.

5.8.5  Les dernières années sous Mao

Mao Zedong sort victorieux de la Révolution culturelle. Mais celle-ci suscite un vif ressentiment dans une partie de la jeunesse et dans de nombreuses couches de la population. En avril 1969, le IXe Congrès du PCC tente de rétablir l’organisation centrale du Parti. Mao est réélu à grand bruit, et le ministre de la Défense, Lin Biao, officiellement présenté comme son futur successeur. Pourtant, les personnages les plus influents ne sont pas les maoïstes mais les modérés : chefs militaires, partisans de Lin Biao, ou pragmatiques, comme le Premier ministre Zhou Enlai.

La lutte pour le pouvoir provoque, en 1971, la disparition de Lin Biao de la scène politique. Ce dernier est, plus tard, accusé de complot contre Mao et déclaré mort dans un accident d’avion, le 12 septembre 1971. Zhou Enlai, de son côté, accroît son pouvoir. Le Xe Congrès du Parti, en août 1973, retire de la Constitution la mention faisant de Lin Biao le successeur de Mao. L’engagement de Mao en faveur de la mobilisation des masses et sa profonde méfiance à l’égard de la bureaucratie et des intellectuels resurgissent en 1973 et en 1974 dans une nouvelle réforme visant le confucianisme. La pensée radicale de Mao se reflète également dans la nouvelle Constitution, largement simplifiée, adoptée par la IVe Assemblée nationale populaire en janvier 1975. Deng Xiaoping, victime réhabilitée de la Révolution culturelle, est alors nommé vice-Premier ministre aux côtés de Zhou Enlai.

Au cours de cette période, les relations avec l’étranger s’améliorent brusquement. En 1971, la Chine est admise aux Nations unies. En 1972, le président des États-Unis, Richard Nixon, se rend en visite officielle à Pékin et reconnaît la nécessité de maintenir des contacts entre les deux pays et de retirer à terme les troupes américaines de Taïwan. Première étape dans l’établissement de relations diplomatiques normalisées, des bureaux de liaison sont créés à Pékin et à Washington en 1973. Des liens avec le Japon sont également tissés en 1972.

5.8.6  Les successeurs de Mao

Le Premier ministre Zhou Enlai et le président Mao Zedong décèdent tous les deux en 1976. La mort de Zhou Enlai précipite la lutte entre les modérés et les extrémistes. Les radicaux remportent une première victoire en empêchant le vice-Premier ministre Deng Xiaoping d’accéder au poste de Premier ministre, puis en le privant de ses fonctions au gouvernement et au sein du Parti. En signe de compromis, Hua Guofeng, un gestionnaire n’appartenant à aucune des deux factions, devient Premier ministre et président du PCC. Il fait prévaloir une politique modérée et consolide sa position en faisant arrêter et accuser de crimes divers la Bande des Quatre, qui comprend la veuve de Mao, Jiang Qing et trois autres dirigeants radicaux, ces derniers ayant tenté un coup d’État.

Hua Guofeng s’efforce de stabiliser le jeu politique. Il doit faire face, en 1976, aux séismes telluriques qui dévastent Tangshan et la Chine du Nord. Pour mener à bien son programme politique, il nomme des modérés aux postes importants. En 1977, Deng Xiaoping redevient premier vice-Premier ministre. Les membres de la Bande des Quatre sont exclus du Parti. En août 1977, le XIe Congrès du Parti est dominé par un triumvirat composé du président du parti Hua Guofeng et des vice-présidents Deng Xiaoping et Ye Jianying. L’accent est mis sur la modération politique et sur la modernisation du gouvernement. Lors de la Ve Assemblée nationale populaire (février et mars 1978), Hua Guofeng est réélu Premier ministre et Deng Xiaoping premier vice-Premier ministre. Ye Jianying est nommé, quant à lui, président du Comité permanent de l’Assemblée, poste équivalent à celui de chef de l’État dans la nouvelle Constitution de 1978.

5.8.7  Vieillissement de l’équipe dirigeante

Manifestations de la place Tian'anmen (Chine) En mai et juin 1989, la place Tian'anmen (« Paix céleste ») fut le théâtre de manifestations massives, conduites par les étudiants en faveur d'une démocratisation du régime. Les jeunes Chinois érigèrent une statue appelée « Déesse de la Démocratie ». Mais le mouvement, réprimé dans le sang, se solda par la mort de nombreux manifestants (de 3 000 à 5 000) sous les balles de l'armée chinoise qui, dans la nuit du 3 au 4 juin, investit la place. 
 
Pendant les années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix, la politique chinoise est dominée par Deng Xiaoping qui abandonne progressivement toutes ses fonctions officielles, tout en continuant à régner dans l’ombre. Désireux de développer le commerce et l’industrie en attirant les investissements étrangers, Deng Xiaoping et ses alliés optent pour une politique pragmatique de réformes économiques tout en maintenant la dictature politique.

En 1980, Hua Guofeng démissionne de son poste de Premier ministre. Zhao Ziyang, un partisan de Deng Xiaoping, lui succède. Au début de l’année 1981, après une parodie de procès très médiatisé en Chine, les membres de la Bande des Quatre sont jugés coupables et emprisonnés. En juin, un autre allié de Deng Xiaoping, Hu Yaobang, prend la tête du Parti communiste chinois à la place de Hua Guofeng. Une nouvelle Constitution nationale, ainsi qu’un nouveau statut du Parti, sont adoptés en 1982. La première restaure la fonction hautement symbolique de président de la République, supprimée par Mao Zedong en 1968.

En janvier 1987, Zhao Ziyang est nommé secrétaire général du Parti, à la place de Hu Yaobang, contraint de démissionner. Li Peng le remplace au poste de Premier ministre. Ce remaniement intervient après une vague de protestation étudiante (1986) réclamant davantage de démocratie et de liberté d’expression. La mort de Hu Yaobang, en avril 1989, provoque un nouveau mouvement de protestation en faveur de la démocratie. Ce mouvement atteint son paroxysme en mai, pendant la visite à Pékin du chef d’État soviétique Mikhaïl Gorbatchev, destinée à mettre fin à trente ans de tensions entre les deux pays. Les manifestants occupent la place Tian'anmen à Pékin, jusqu’à ce que des troupes blindées pénètrent dans la ville, dans la nuit du 3 au 4 juin, et tirent sur la foule, tuant entre 3 000 et 5 000 civils (voir manifestation de Tian'anmen). La répression qui s’ensuit fait perdre à Zhao Ziyang, qui a plaidé en faveur des étudiants, toutes ses fonctions au sein du Parti communiste, dont Jiang Zemin devient le secrétaire général.

En 1992, la Chine se lance officiellement dans l’économie de marché. En mars 1993, la VIIIe Assemblée nationale populaire élit Jiang Zemin président de la République. En 1995, celui-ci cherche à affermir son pouvoir, en traquant notamment la corruption inhérente à l’essor économique. Lors du XIVe Congrès du Parti communiste chinois, en septembre 1995, l’accent est mis sur un retour à l’idéologie politique sans porter préjudice à l’économie. En effet, les instances du Parti, craignant d’être débordées par l’apparition d’une bourgeoisie issue des affaires et par une contestation parlementaire, renforcent leur autorité sur les députés de l’Assemblée nationale populaire (mars 1996) et accentuent le contrôle sur la presse, la répression contre les opposants et les religions non orthodoxes. En même temps, le rôle des gérontes de la politique se voit conforté, ainsi que celui de l’armée. D’autres personnages, comme Qiao Shi, président de l’Assemblée nationale populaire, se réclament davantage du libéralisme. Mais la mise en avant des individualités cache une réalité trouble. Deng Xiaoping, dont la dernière apparition publique datait de février 1994, décède en février 1997. Sa succession s’annonce âpre, même si Jiang Zeming, qui cumule les fonctions de chef de l’État, du PCC et de l’armée, entend poursuivre la politique d’ouverture et de modernisation entamée par son illustre prédécesseur. Lors de la session annuelle de l’ANP, dix jours après la disparition de Deng Xiaoping, Qiao Shi et Li Peng lui apportent leur soutien. Priorité est donnée à l’économie (poursuite des réformes et de l’ouverture économique, réformes des entreprises d’État), ainsi qu’à la sécurité intérieure et au maintien de l’unité, après les vagues d’émeutes et d’attentats perpétrés par les séparatistes musulmans ouïgours, qui secouent la Chine depuis février 1997. Malgré un discours rassurant sur un possible hégémonisme chinois, et bien que prônant une réunification pacifique avec Taïwan, Pékin se lance dans une entreprise d’intimidation en exécutant d’importantes manœuvres militaires au large de l’îlot nationaliste fin 1996. Le dialogue entre Pékin et Taipei, rompu en 1995, ne reprend qu’en 1998. En juillet 1997, Hong Kong est rétrocédée à la Chine.

5.8.8  Tentative de renouveau politique et économique

Ouverture du XVe congrès du Parti communiste chinois Le président et chef du Parti communiste chinois Jiang Zemin, à droite, est suivi par le président de l'Assemblée Qiao Shi (au centre), et par le Premier ministre Li Peng (à gauche), lors de l'ouverture du XVe congrès du Parti communiste, le 12 septembre 1997. Qiao Shi ne figurait plus sur la liste des instances dirigeantes du Parti publiée à la fin du congrès. Dans son discours d'ouverture, Jiang Zemin a annoncé la privatisation de nombreuses entreprises d'État.
 
Depuis le XVe Congrès du Parti communiste, en septembre 1997, une nouvelle ère semble s’ouvrir. Le président Jiang Zemin a annoncé, dans son discours d’ouverture, la privatisation des entreprises d’État et la relance des réformes économiques destinées à faire face à la concurrence internationale (adapter l’économie à une ouverture partielle à l’international et la convertibilité du yuan). Le nouveau Bureau politique a également insisté sur l’urgence de restructurer le Parti et le gouvernement, sur la lutte contre la corruption, et s’est ouvert aux technocrates. Le gouvernement a entrepris une réforme globale de l’administration chinoise : le nombre de postes et de ministères a été réduit, la moyenne d’âge des dirigeants est tombée à moins de soixante ans.

Arrivé en mars 1998, le nouveau Premier ministre, Zhu Rongji, qui succède à Li Peng, dont il est le vice-Premier ministre, est un technocrate considéré comme un réformateur. À l’origine des réformes économiques entreprises depuis 1992, il lance le pays sur une nouvelle voie, provoquant l’inquiétude des conservateurs. Par sa politique d’austérité, il obtient une réduction sensible de l’inflation (de 24 p. 100 à 1 p. 100). Les principales réformes annoncées sont la poursuite de la privatisation des entreprises d’État, le renforcement du rôle de la Banque centrale, la réduction de la dette publique, le développement des travaux publics, du logement, des industries de pointe et l’amélioration du système éducatif.

À Hong Kong, le gouvernement, tout en prenant le contrôle politique, laisse au particularisme local une marge pour s’exprimer : aux élections de mai 1998, les partis démocrates recueillent 60 p. 100 des voix et obtiennent quatorze sièges. Cependant, l’économie de l’ex-territoire britannique est touchée par la crise monétaire et financière asiatique : baisse de la bourse, faillites, récession, chômage et menace sur la monnaie et sur sa parité avec le dollar.

L’inflexion de la politique chinoise favorise un dégel des relations sino-américaines : la visite officielle de Jiang Zemin aux États-Unis, en novembre 1997 — première visite d’un dirigeant chinois depuis dix-huit ans — est suivie, en juin 1998, de celle de Bill Clinton en Chine. Depuis lors, les relations entre les deux pays se dégradent, Pékin accusant les États-Unis de soutenir le gouvernement taïwanais, Washington accusant la Chine de ne pas respecter les accords militaires et commerciaux conclus et dénonçant les dangereux transferts de technologie que ces accords ont généré (le « rapport Cox », publié en mai 1999, dénonce, par ailleurs, l’ampleur de l’espionnage chinois aux États-Unis). De nombreux désaccords accroissent encore la tension entre les deux pays : la volonté américaine de mettre en place en Asie un dispositif de sécurité qui, outre le Japon et la Corée du Sud, pourrait inclure Taïwan, qui conduit la Chine à riposter en pointant plusieurs centaines de missiles en direction de l’île ; l’échec des discussions sur l’admission de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui frustre les attentes chinoises ; le bombardement accidentel, en mai 1999, de l’ambassade de Chine à Belgrade, pendant la crise du Kosovo, qui est qualifié de « crime de guerre » et provoque de nombreuses manifestations anti-occidentales et une condamnation sévère par la Chine de l’OTAN et des États-Unis.

La situation des droits de l’homme en Chine est toujours régulièrement dénoncée par les organisations internationales ou par le gouvernement des États-Unis, malgré la signature, le 5 octobre 1998, de la Convention internationale des droits civiques et politiques ou l’assouplissement, en janvier 1999, de sa politique de l’enfant unique. Deux dissidents, Wei Jingsheng, en novembre 1997, et Wang Dans, en avril 1998, sont cependant libérés et expulsés vers les États-Unis. Toute manifestation pro-démocratique continue d’être empêchée par les autorités, aussi la commémoration publique du dixième anniversaire de Tian’anmen, en juin 1999, n’est-elle pas autorisée.

Déjà touchée en août 1998 (et à nouveau pendant l’été 1999) par de graves inondations du Yang-tseu-kiang, qui ont affecté plus de 250 millions de Chinois, l’économie, jusque-là épargnée par la crise asiatique et qui a amorcé une transition prudente vers une économie « socialiste de marché » (secteur privé reconnu par un amendement de la Constitution en 1999), connaît une forte crise financière en 1999, essentiellement due à la chute des exportations et aux faillites bancaires répétées. Malgré une forte croissance du PIB (8 p. 100 en moyenne entre 1997 et 1999) et de la production industrielle, le chômage frappe sévèrement les Chinois, et la précarité des situations individuelles, y compris dans les entreprises publiques, accroît fortement la pauvreté ainsi que les inégalités.

Sur le plan régional, les relations avec l’Inde se tendent après les essais nucléaires conduits par ce pays (1998) et la réponse de son voisin, le Pakistan, dont les essais ont été favorisés par une aide chinoise. En décembre 1999, des accords frontaliers sont passés entre la Chine et la Russie, d’une part, la Chine et le Viêt Nam, d’autre part. Également en décembre 1999, la Chine célèbre la rétrocession de Macao, qui met fin à 442 ans de présence portugaise. Macao devient, comme Hong Kong, une région sous administration spéciale, selon le principe « un pays, deux systèmes ». Les rapports avec Taïwan, qui a élu en mars 2000 son nouveau président, restent tendus ; Pékin, désirant « sauvegarder l’intégrité territoriale du pays », déclare que « l’indépendance de Taïwan, c’est la guerre », et continue à renforcer son armement (augmentation conséquente de son budget militaire). Mise hors la loi en juillet 1999, la secte Falungong, qui revendique plus de quatre-vingts millions d’adhérents, sème à nouveau le désordre dans la capitale en mai 2000, et les autorités procèdent à de nouvelles interpellations.

Quant à l’épineuse question de l’admission de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), elle enregistre de nets progrès : le 19 mai 2000, les négociateurs européens et chinois signent un accord préalable à l'adhésion de la Chine à l’OMC, par lequel celle-ci s’engage à abaisser ses droits de douane sur certains produits et à faciliter l'investissement européen sur son territoire. Quelques jours plus tard, la Chambre des représentants américaine adopte une loi de normalisation des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, permettant de libéraliser les échanges entre les deux pays.

Si la conjoncture économique demeure favorable, la situation diplomatique se dégrade au contraire, en particulier avec les États-Unis. En effet, l’arrivée du républicain George W. Bush au pouvoir contribue à un refroidissement important des relations sino-américaines. Comme ses prédécesseurs, Reagan et Bush, il se montre critique à l’égard du régime communiste, affirmant que les désaccords avec Pékin sont nombreux, notamment dans le domaine des droits de l’homme, de la liberté religieuse et de l’évolution de la région Asie-Pacifique. En avril 2001, un avion espion américain, EP-3, est contraint d’atterrir en Chine après une collision avec un avion de chasse chinois. Durant une douzaine de jours, l’équipage américain de 24 personnes est retenu par Pékin qui exige des excuses de Washington après la disparition du pilote chinois. Au terme d’un véritable bras de fer diplomatique, l’équipage est libéré après que George W. Bush a exprimé des regrets officiels. Quelques jours plus tard, le président américain annonce la volonté américaine de continuer à aider militairement Taïwan, par la vente de bateaux et d’avions de guerre, provoquant une vive réaction de Pékin, où les militaires voient se renforcer leur influence auprès des dirigeants du parti.

En juillet, Pékin est choisie par le Comité international olympique (CIO) pour accueillir les jeux Olympiques en 2008. Ce sera la première fois que la Chine organisera la plus grande manifestation sportive mondiale. Cette élection suscite la joie des habitants de Pékin mais elle est déplorée par les défenseurs des droits de l’homme qui militaient contre l’attribution des Jeux à la Chine.

Au mois de septembre, après quinze ans de discussions, un accord est finalement signé à Genève entre la Chine et ses partenaires commerciaux en vue de l’adhésion de Pékin à l’OMC. Elle est formellement entérinée au mois de décembre lors de la conférence de l’OMC à Doha (Qatar). Dans l’optique de cette nouvelle donne économique, les entreprises chinoises se réorganisent fébrilement afin de faire face à la concurrence internationale.

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