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3.5 Éducation
En Chine, l’enseignement est laïc et obligatoire. En 1994, on dénombrait 961 000 établissements et 188,096 millions d’élèves.
3.5.1 Enseignement primaire et secondaire
La scolarisation prévoit deux premiers cycles. Le primaire (six années) regroupe 145 millions d’enfants répartis dans 629 000 écoles. Environ 86,6 p. 100 d’entre eux accèdent au cycle secondaire, qui propose une filière d’enseignement général, composée de deux cycles d’une durée de trois ans (82 000 établissements et 77,4 millions d’élèves), et d’une filière d’enseignement spécialisé. Celle-ci se divise en un second degré technique (deux ans) pour former les ouvriers spécialisés, professionnel (trois ans) et normal (quatre ans) pour la finance, la technologie, la gestion, etc. Il concerne 3,198 millions d’élèves et 3 987 écoles.
3.5.2 Enseignement supérieur
L’entrée dans l’enseignement supérieur se fait par un concours sélectif organisé à l’échelon national et sous le contrôle unique de l’État. Ce même État se charge, en général, de trouver un emploi à l’étudiant diplômé. On distingue les universités (de quatre à cinq ans), les écoles supérieures (de deux à trois ans) et les instituts spécialisés.
Parmi les universités chinoises les plus connues figurent : les universités Beida (fondée en 1898) et Qinghua (université du peuple) à Pékin ; l’université de Hangzhou (1952) ; l’université Fudan à Shanghai (1905) ; l’université Nankai à Tianjin ; l’université chinoise de Sciences et de Technologie (1958) à Hefei (Anhui) ; l’université de Nankin. En 1998-1999, on dénombrait 6,37 millions d’étudiants dans 1 080 établissements (24 à Shanghai, 8 à Nankin et à Tianjin, une dizaine à Canton, Xi’an et Wuhan, etc.).
3.5.3 Évolution récente
En 2001, le taux d’alphabétisation était de 98 p. 100 (contre 68,2 p. 100 en 1985), et 6,2 p. 100 des jeunes Chinois poursuivaient des études supérieures (contre 1,4 p. 100 en 1985). Le budget alloué à l’éducation est de 1,9 p. 100 du PIB, soit 12 milliards de dollars (contre 8,5 en 1985). C’est dire l’importance qu’accorde le pouvoir à la transmission des connaissances et à l’acquisition de savoir-faire.
On estime qu’en 1949, 20 p. 100 de la population savait lire et écrire. L’un des programmes les plus ambitieux du Parti communiste fut l’alphabétisation des Chinois et la création d’un système public qui allait subir les conséquences des crises politiques du régime.
Entre 1949 et 1951, plus de 60 millions de paysans s’inscrivirent aux « écoles d’hiver », destinées à offrir un enseignement pendant la saison creuse. Mao Zedong déclara que la finalité de l’enseignement était de diminuer les distinctions de classes. Pour cela, il fallait réduire le fossé social qui séparait les travailleurs manuels des intellectuels, les citadins des ruraux, les ouvriers des agriculteurs.
Les transformations les plus radicales eurent lieu entre 1966 et 1978. Pendant la Révolution culturelle, presque toutes les écoles furent fermées. Plus de 130 millions d’enfants et d’adolescents cessèrent d’être scolarisés. Beaucoup d’entre eux furent les vecteurs de cette Révolution et participèrent au mouvement des « Gardes rouges ». Les écoles primaires et secondaires recommencèrent à fonctionner en 1968 et 1969, mais les établissements d’enseignement supérieur ne rouvrirent qu’entre 1970 et 1972.
La politique éducatrice changea radicalement au cours de cette période. La scolarité traditionnelle (d’une durée de 13 ans de la maternelle à la terminale) fut ramenée à 9 ou 10 ans pour le primaire et le secondaire. Les universités adoptèrent le cursus dit du « trois en un » : enseignement, recherche et production. Deux années de travail manuel obligatoires précédaient l’admission qui se faisait par l’intermédiaire des comités révolutionnaires sur des critères idéologiques.
À la mort de Mao Zedong en 1976, cette politique fut révisée. La scolarité se rapprocha de ce qu’elle était avant la Révolution culturelle. Les programmes du primaire et du secondaire furent progressivement refondus pour atteindre douze années d’études, et il ne fut bientôt plus nécessaire d’avoir passé deux ans à la campagne pour entrer à la faculté.
L’un des changements les plus déterminants fut la restauration d’un examen national d’entrée à l’université. Cet examen constituait, avant 1966, un élément essentiel du mécanisme de mobilité sociale. Au cours de la Révolution culturelle, les adversaires de la tradition purent le supprimer sous prétexte qu’il favorisait une minorité d’élèves bénéficiant d’une tradition intellectuelle familiale. Lorsque les universités rouvrirent, de nombreux candidats furent admis en raison de leurs opinions politiques, de leur activité pour le Parti ou du soutien de leurs pairs. Cette méthode de sélection cessa d’être appliquée en 1977 avec le lancement de la campagne des Quatre Modernisations. Le bilan était alors catastrophique : 237,72 millions d’analphabètes de plus de 12 ans, dont 69 p. 100 de femmes.
Les objectifs de modernisation dans l’agriculture, l’industrie, la défense et la science réclamant de hauts niveaux d’aptitude, l’enseignement devait donc impérativement reposer sur des compétences théoriques et pratiques et non sur un quelconque clientélisme politique ou un esprit révolutionnaire.
En vue du XXIe siècle et dans le cadre de l’économie socialiste de marché, l’État chinois a fourni de gros efforts. Ainsi, le « projet 211 » vise à définir 100 universités clés qui formeront aux métiers de demain. De 1978 à 1994, 220 000 jeunes sont allés étudier à l’étranger. La formation pour adulte va du télé-enseignement universitaire aux cours par correspondance ou du soir. En 1994, 2,3 millions d’adultes suivaient une formation dans le supérieur, 2,6 millions dans les écoles secondaires spécialisées et 47,5 millions dans le technique.
3.6 Vie culturelle
Opéra de Pékin Combinant musique, danse acrobatique et costumes flamboyants, l'opéra de Pékin fait le récit d'histoires tirées du passé historique et du folklore chinois. Dans une gestuelle abstraite et symbolique, riche en contenu dramatique, les comédiens, chanteurs, danseurs, clowns et acrobates incarnent des personnages du monde héroïque, divin et animal, souvent mis en scène dans des exploits guerriers. Les maquillages traditionnels, proches du masque, et les costumes élaborés permettent à un public bien informé d'identifier sans hésiter les personnages. Pékin, Shanghai et Canton constituent les principaux centres culturels et artistiques de la Chine. Ces trois métropoles concentrent les plus grandes institutions du pays en matière d’arts et de culture (musées, théâtres, opéras, salles de spectacles, cirques, orchestres, bibliothèques, etc.). Parmi les sites les plus renommés de Pékin figurent la Cité interdite, ancienne résidence des empereurs de Chine aujourd’hui transformée en musée, le temple du Ciel, le palais impérial d’Été, le musée de l’Histoire et de la Révolution chinoise (1950), sur la place Tian'anmen, ou encore la bibliothèque de Pékin (plus de 6 millions de volumes). Célèbre pour ses jardins (Yuyuan, XVIe siècle) et ses parcs, Shanghai abrite le musée d’Art et d’Histoire, qui renferme de remarquables collections de bronzes, de peintures et de porcelaines, ainsi que le musée de Sciences naturelles.
Calligraphie L'artiste dessine chacun des caractères du mot choisi selon un style convenu. Il tient son pinceau droit et forme des traits en respectant un ordre et un sens précis. L'épaisseur de ces traits varie en fonction de la pression exercée sur le pinceau, ainsi que de la rapidité du mouvement de la main (plus le pinceau s'attarde sur le papier et plus le trait est épais). La calligraphie peut ainsi être rapprochée de l'art de la peinture.Malgré une diffusion croissante,les médias (radio, télévision) demeurent relativement peu développés, étant donné l’ampleur du marché chinois. Depuis les années quatre-vingt, la censure et la propagande idéologique ont connu un net relâchement au profit d’une réelle ouverture à la culture occidentale (musique, cinéma, littérature). Au début des années quatre-vingt-dix, la Chine possédait 21,3 millions de postes de radio, 35,8 millions de téléviseurs (contre 7 millions en 1981) et 15 millions de téléphones. La presse écrite présente plus de 1 600 titres de journaux et magazines. Les plus importants sont le Renmin Ribao, à Pékin, quotidien tiré à 3 millions d’exemplaires sous le contrôle direct du Comité central du Parti communiste chinois, le Sichuan Ribao, le Guangming Ribao ou encore le Jiefang Ribao.
3.7 Société
3.7.1 La démocratie sur le papier
La Chine est en butte à une difficulté, la dissidence, ou plutôt les Chinois qui défendent publiquement une opinion différente de la ligne du Parti. Ceux-ci réclament la liberté de penser et d’agir, davantage de démocratie et le respect de la souveraineté des peuples. Bien que la Constitution de 1982 garantisse le respect des droits individuels et de l’opinion de chacun, il semble que le régime actuel ne respecte pas ces engagements. On estime à 50 millions le nombre d’« opposants » qui auraient été emprisonnés dans les camps de rééducation par le travail, les sinistres laogai aux conditions de vie inhumaines et qui affichent une triste devise « Le travail fait votre vie ». Environ 25 millions de Chinois en seraient morts.
En 1979, Deng Xiaoping arriva au pouvoir, et promit un assouplissement. De plus, il libéra l’un des plus célèbres contestataires, Harry Wu, qui avait passé dix-neuf années en laogai. Cependant, ses promesses étaient davantage destinées à encourager les investissements étrangers dans le cadre d’une économie socialiste de marché.
Aussi, la voix des opposants se fit de plus en plus forte jusqu’aux fameuses manifestations de la place Tian'anmen, réprimées dans le sang en juin 1989. La contestation devint alors discrète jusqu’en 1993, date à laquelle des pétitions commencèrent à circuler dans le pays, réclamant une plus grande participation des citoyens à la vie publique. Mais ce mouvement fut une nouvelle fois étouffé et les derniers dissidents condamnés rapidement à de très lourdes peines d’emprisonnement.
En 1994, la Chine, pour faire bonne figure lors de la candidature de Pékin pour l’organisation des jeux Olympiques, abandonna le terme de laogai. Mais le système répressif perdura. Aujourd’hui, il existe près de 2 000 camps rebaptisés « usines » ou « fermes », et dirigés désormais comme des entreprises capitalistes. Environ 6 à 8 millions de Chinois, dont 10 p. 100 de prisonniers politiques, y fabriquent des produits manufacturés (fleurs artificielles, moteurs, vêtements, etc.) exportés dans le monde entier.
Il existe en outre 68 types d’infractions passibles de la peine de mort. En 1996, 2 300 condamnations à mort ont ainsi été exécutées. Le 30 octobre 1996, Wang Dan, ancien leader des manifestations de 1989, fut renvoyé en camp de travail pour onze années supplémentaires à l’issue d’un procès prétendument public (il été libéré et expulsé, depuis lors (1998), vers les États-Unis). Certains dissidents ont pu s’exiler à l’étranger, comme Wang Juntao (États-Unis) ou le syndicaliste Han Dongkang (Hong Kong). Lui Xiaobo, célèbre critique littéraire, fut condamné, quant à lui, à trois ans de détention pour avoir proposé un véritable dialogue avec le dalaï-lama.
La Chine étant devenue aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises, de plus en plus de puissances occidentales séparent, dans leurs relations avec cet État, les droits de l’homme de l’économie, à l’image de la France qui, dans un souci de pragmatisme économique, refusa de recevoir officiellement le dalaï-lama en 1996 de peur de froisser Pékin. Plus récemment, elle s’est opposée à tout projet de résolution de l’Union européenne visant à condamner la violation des droits de l’homme en Chine.
3.7.2 Les sociétés secrètes
Le retour de Hong Kong à la Chine pose aujourd’hui le problème des sociétés secrètes. Les triades sont en effet à Hong Kong et à Taïwan ce que la mafia est à la Sicile ou aux États-Unis.
La naissance des sociétés secrètes obéit à l’origine à des désirs patriotiques. La première remonte à 1644, avec la chute des Ming que remplacèrent les Qing mandchous. Cinq bonzes du monastère de Shaolin, haut lieu des arts martiaux, fondèrent la ligue des Hung dans le but de renverser les Qing. Pendant plus de deux siècles, les clans et les ligues jouèrent des rôles divers, tels les Boxers qui se révoltèrent entre 1898 et 1900. En 1904, Sun Yat-sen se lia avec les Hung et proclama la République en 1911. Après 1949, certaines sociétés secrètes, qui avaient combattu les communistes dans les années trente pour le compte de Jiang Jieshi, se réfugièrent à Taïwan ou à Hong Kong, qui devint l’une des plaques tournantes de la drogue venant du Triangle d’or.
Aujourd’hui, Hong Kong compte 56 triades aux activités multiples (racket, jeu, prostitution, docks, parkings, etc.). La plus puissante est le Sun Yee On (56 000 membres), qui possède des ramifications à tous les niveaux de la société et de l’administration, de la police à la commission anticorruption, et qui contrôle l’industrie cinématographique. |
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